dimanche 10 décembre 2023

Sous influence ?

 Lectures bibliques : Es 2, 11-18.20.22 ; Jr 17, 5-8 ; Mc 1, 1-12 (voir en bas de cette page)

Thématique : Sous influence ?

Prédication de Pascal LEFEBVRE - temple du Hâ – Bordeaux, le 10/12/23

(Largement inspiré d’une méditation de Jean-Marc Babut)



L’évangile de Marc commence avec la présentation d’un homme : Jean le Baptiste, un précurseur… celui qui va ouvrir le chemin de Jésus… et l’accueillir pour son baptême. 


Moi, je vous baptise d’eau – dit-il… Celui qui vient après moi et qui est plus fort que moi… celui-là « vous baptisera d’Esprit Saint. »


Dès le début de la Bonne Nouvelle annoncée par Marc, les auditeurs de l’Evangile reçoivent ainsi une promesse : celle d’un baptême d’Esprit saint. 


Que signifient précisément ces trois mots : « baptiser », « Esprit » et « saint » ?


Dans nos Bibles, le mot « saint » ne désigne pas – comme dans le français d’aujourd’hui – quelqu’un ou quelque chose de moralement parfait… d’impeccable. 

Le terme biblique désigne ce qui est propre à Dieu, ce qui est réservé à son service. L’Esprit saint, c’est tout simplement l’Esprit de Dieu. 


Mais qu'est-ce que l'Esprit ? Ce qui est ainsi désigné dans nos Bibles ne correspond que de façon assez lointaine à ce que nous désignons sous le même mot dans la langue française. À l'origine, dans l’Ancien Testament, il est question de vent, de souffle.


Et quand le vent souffle, nous le ressentons comme une pression de l’air qui s’exerce sur nous-mêmes ou, par exemple, sur les branches d’un arbre, les ailes d’un moulin, ou les voiles d’un bateau. 

Le Saint-Esprit, c’est le « vent de Dieu », c’est une pression que Dieu veut exercer sur nous.

On le voit bien dans quelques exemples qu’on peut glaner dans le Nouveau Testament :  


Voici le premier : aussitôt après son baptême, Jésus est poussé au désert par l’Esprit. C'est là qu'il est mis à l'épreuve de Satan (1,12-13). 


L'Esprit de Dieu exerce donc une pression sur Jésus pour qu'il fasse ses preuves, face aux pressions exercées par le Satan, l'adversaire de Dieu et des humains. 


En quelque sorte, c’est un exercice d’entrainement spirituel intense… après une longue période de jeûne de 40 jours… Jésus va être amené à faire des choix, face aux tentations de l’existence… choisir d’écouter le « vent de Dieu » et de se laisser conduire et influencer par lui… ou choisir d’écouter une autre voix : celle de la toute-puissance, du pouvoir, de l’égo… voix que Jésus refusera et rejettera… pour s’en remettre uniquement à Dieu. 


Nous pouvons penser aussi à un autre exemple : au chapitre 13 de l’évangile de Marc, il est raconté la manière dont Jésus apporte à ses disciples ses dernières recommandations. Il les avertit qu'ils doivent s’attendre à être persécutés, comme va l’être leur maître. 

Il précise alors (cf. Mc 13,11) : Quand on vous emmènera pour vous livrer, ne soyez pas inquiets à l'avance de ce que vous direz. Mais ce qui vous sera donné à cette heure-là, dites-le ; car ce n'est pas vous qui parlerez, mais l'Esprit-Saint. 


Encore une façon de dire que le Saint-Esprit, c’est Dieu qui nous offre son inspiration, son souffle, pour nous donner du discernement et du courage… et pour nous permettre de trouver la bonne façon de nous exprimer et le bon chemin. 


On peut encore penser à un troisième exemple, où il est question d’Esprit saint, c’est le récit bien connu du livre des Actes (cf Ac 2,1-13), qu’on entend à la Pentecôte, lorsque les disciples sont saisis par l’Esprit de Dieu, symboliquement décrit comme des langues de feu… et qu’ils se mettent à parler en langues et à communiquer autour d’eux les merveilles de Dieu. 


Ce jour-là, les disciples ont enfin trouvé le courage de prendre le relais de leur maître. Ils ont oublié leur peur, leur frousse, et se sont mis à proclamer l’Evangile. 


Ces exemples le montrent, d’une manière ou d’une autre : l’Esprit saint, c’est Dieu fait pression sur nous autres humains, pour que son œuvre se fasse, malgré les oppositions qu'elle rencontre : 

  • pression sur Jésus, pour qu'il fasse ses preuves face aux pressions de l’adversaire (du démon) ; 
  • pression sur les chrétiens en difficulté, pour qu'ils restent, malgré tout, de bons témoins de l'Evangile ; 
  • pression sur ceux qui ont reçu la bonne nouvelle de la résurrection, pour qu'ils partent en mission et osent une parole prophétique, malgré les étonnements ou les critiques. 


Au début de l’évangile de Marc, Jean-Baptiste promet : Lui vous baptisera d'Esprit-Saint - c'est-à-dire qu’il vous plongera dans l'Esprit-Saint. Car le mot grec « baptizô » signifie « plonger ». 

Il affirme ainsi… qu’avec Jésus…  avec son baptême… les croyants seront désormais sous l'influence pressante de Dieu.

Telle est la grande et Bonne Nouvelle qui, selon Jean-Baptiste, va prendre corps avec l'arrivée du Messie qu'il annonce : Celui qui sera le porteur de l’Esprit de Dieu, celui-là vous baptisera d'Esprit-Saint !


L'Esprit-Saint – vous l’avez compris – c’est donc Dieu qui exerce sur nous une instante pression, dans l’espoir que nous entrions davantage dans son projet de sauver l’humanité de ses mauvais démons.


Et bien sûr, nous en connaissons un certain nombre : volonté de toute-puissance, égoïsme, indifférence, avidité, cupidité, violence, haine de l’autre, déshumanisation, rejet, exclusion… 


Mais acceptons-nous vraiment que Dieu veuille ainsi nous guider ?


A cette nouvelle, certains pourraient objecter : Mais de quoi se mêle-t-il ?

Pourquoi Dieu ne respecte-t-il pas notre liberté ?

Pourquoi voudrait-il nous influencer ? 


Enfin… il ne faudrait tout de même pas nous faire trop d'illusions sur ce que nous appelons « notre liberté » !

De tous côtés, nous sommes déjà l'objet de tentatives constantes d’influence et de manipulation, si adroites que nous n'y voyons le plus souvent que du feu. 


Soyez assurés, par exemple, que la publicité a minutieusement étudié les réactions psychologiques des consommateurs éventuels que nous sommes, et sait fort bien quelles ficelles tirer, pour nous faire réagir dans le sens souhaité.


C’est la même chose pour les média grand public (« mainstream ») : 

Une petite poignée de personnes très riches – seulement 8 milliardaires – possèdent la plupart des titres de la presse généraliste en France… C’est eux qui vous bombardent quotidiennement d’informations souvent noires, tragiques ou scandaleuses… alors, si vous ne faites que lire les journaux et regarder la télévision pour vous tenir au courant… sans jamais glaner d’autres informations sur des médias alternatifs ou des réseaux sociaux moins censurés… ne croyez surtout pas que vous n’êtes pas sous influence… 

Les médias – largement subventionnés – savent très bien protéger leurs intérêts… et vous conduire à penser dans le sens voulu… en captant votre attention dans une boucle de négativité… dans laquelle vous êtes tenu de vous positionner de façon duelle : blanc ou noir. Ce qui contribue efficacement à diviser les gens et les opinions. 


Mais la stratégie la plus souvent employée est de cultiver la peur… qui devient une sorte de conditionnement… pour nous maintenir dans un état constant de survie… de sorte que nous sommes concentrés sur ce tout ce qui est négatif au près ou au loin… et nous devenons ainsi beaucoup plus manipulables. 

(La crise sanitaire autour du Covid-19 l’a malheureusement largement démontré.)


Et je ne parlerai que brièvement du discours politique, qui sans cesse détourne notre regard vers des sujets secondaires ou mineurs, des faits divers « tapageurs », des petites phrases provocatrices, ou des évènements exceptionnels, qui captent notre attention, pour éviter de parler des vraies questions et des véritables enjeux… qui nous permettraient de déceler l’essentiel… de nous forger un jugement personnel réaliste… et de voir combien les choses sont, en réalité, orientées et manipulées par des intérêts économiques… qui sous-tendent la plupart des décisions politiques, au profit des intérêts d’une petite minorité de puissants et d’ultra-riches… qui font la pluie et le beau-temps.  


Ainsi, dans ce monde de la « communication » qui constitue notre environnement, il ne faudrait pas croire que nous ne sommes pas déjà sous influence… 


D’ailleurs… qui pourrait prétendre savoir ce qui se cache derrière les grands évènements médiatiques qui ont marqué ces dernières décennies : le 11 septembre 2001, la guerre en Irak, en Lybie, en Ukraine, en Palestine… derrière tel ou tel coup d’état ou révolution… derrière le financement des groupes terroristes… derrière l’apparition du Covid 19… et j’en passe… 


Sans tomber dans le « complotisme », il ne faudrait pas être dupe de toute les luttes d’influence qui s’exercent autour de nous… pour nous engager à croire une parole officielle qui doit devenir et rester « la vérité » pour l’intérêt des plus puissants… qui continuent, bien tranquillement, à vendre leurs armes, leurs produits pharmaceutiques, pétrolier ou gaziers, ou leurs actions et produits dérivés.


Alors… dans ces conditions… faut-il s’émouvoir que Dieu veuille, lui aussi, nous influencer ? 

Personnellement, je crois que c’est là que se trouve notre « planche de salut » : Enfin quelqu’un qui nous veut du bien !… et qui agit par amour !... enfin une parole juste et véridique qui nous est offerte !


D’ailleurs, un bon nombre de textes dans la Bible nous préviennent, et nous invitent à faire preuve de discernement, pour savoir qui croire dans ce monde et dans cette vie… et à qui nous pouvons vraiment nous fier :


Par exemple, dans le Psaume 118 :

8 Mieux vaut se réfugier près du SEIGNEUR
que compter sur les hommes !

9 Mieux vaut se réfugier près du SEIGNEUR
que compter sur les princes !


Ou le verset 22 du chapitre 2 du livre d’Esaïe que nous avons entendu 

22 Cessez de compter sur l'être humain, sa vie ne tient qu'à un souffle. Quelle valeur lui reconnaître ?


Ou enfin dans le livre de Jérémie au chapitre 17

7 Béni, l’homme qui compte sur le SEIGNEUR :
le SEIGNEUR devient son assurance.

8 Pareil à un arbre planté au bord de l’eau
qui pousse ses racines vers le ruisseau,
il ne sent pas venir la chaleur,
son feuillage est toujours vert ;
une année de sécheresse ne l’inquiète pas,
il ne cesse de fructifier.


Il faut donc se réjouir que Dieu veuille faire pression sur nous par son Saint Esprit, pour nous inspirer… pour éclairer nos consciences et nous inviter à voir les choses autrement…


Cette pression spirituelle ne vient pas s’ajouter à toutes celles qui pèsent déjà insidieusement sur nous. Elle n'aggrave pas notre cas ! 

Ces pressions-là sont déjà mortelles pour notre humanité, elles font obstacle au plan de Dieu pour sauver notre monde.


Le Saint-Esprit, lui, fait pression sur nous pour que nous y résistions victorieusement. Il agit sur nous, pour compenser ces pressions de toutes sortes. Il vient nous en libérer. 

Loin de menacer notre liberté, c’est lui, au contraire, qui nous rend la liberté.


Il fait de nous des « protestants », des « résistants », face aux injustices… face à tout ce qui risque de diviser… d’amoindrir… de réduire notre humanité (dans son ouverture aux dimensions matérielle, relationnelle et spirituelle).

Dieu a formé le plan de sauver notre monde de ses démons : Réjouissons-nous ! C’est la Bonne Nouvelle que Marc nous transmet partout dans son évangile. 


Grâce à la pression qu'il a choisi d’exercer sur nous, par le Saint-Esprit, nous sommes enfin libres de ne plus nous laisser dissuader, ou décourager, ou empêcher de nous engager davantage et plus efficacement au service de ce plan de Dieu.

Mais vous me demanderez peut-être : comment cela se fait-il ?

Comment Dieu exerce-t-il sur nous cette pression libératrice ?

Quand on enquête, dans l’évangile de Marc, sur la manière dont Dieu intervient, on découvre avec étonnement que Marc est d’une grande discrétion sur ce point : 

Tout se passe comme si Dieu se tenait et se maintenait résolument « en coulisse », en agissant à travers Jésus, le porteur de l’Esprit saint : celui qui, précisément, va chasser les démons et réduire leur influence. 


Si l’action de Dieu est décrite de façon extrêmement discrète… il y a, toutefois, deux passages où les choses sont exprimées de façon explicite : c’est lors du baptême de Jésus et lors de la transfiguration. 

Dans ces deux cas, Dieu se manifeste par une voix - on parlerait aujourd’hui d’une voix « off » - une voix qui confirme clairement que Jésus est le fils bien-aimé de Dieu. 


C’est une façon d’affirmer que, désormais sur notre terre, ce que Dieu veut, ce qu’il dit et ce qu’il fait, tout cela passe par Jésus.


Le baptême du Saint-Esprit, qui nous est promis par Jean-Baptiste, passe lui aussi par Jésus. D’ailleurs Jean-Baptiste le précise bien : Lui vous baptisera du Saint-Esprit. 


La pression que Dieu veut exercer sur nous, c'est donc Jésus qui s'en charge. 

Et comment le fait-il, sinon par l’Évangile, par ce message si novateur, si différent… qui exaspère et bouscule les conservateurs et les privilégiés… mais qui réjouit celles et ceux qui aspirent à plus de justice, plus de vérité, et moins de violence dans notre triste monde.


La Bonne Nouvelle de ce jour, c’est bien cette douce influence de Dieu qui nous est promise… son souffle, son Esprit… pour convertir les cœurs et nous donner la force de changer les choses…


Au moment de chaque baptême (comme aujourd’hui) … nous nous rappelons cette réalité : 

Dieu ne nous laisse pas seuls, livrés à nous-mêmes… aux pouvoirs des démons… des puissants… des violents… des égoïstes ou des indifférents… 

Il nous donne son Esprit, le souffle de sa présence…. Cette même présence lumineuse que Jésus a incarnée et manifestée.


Ainsi, chaque fois que l'Évangile de Jésus peut être annoncé, reçu et vécu… la puissance des forces mauvaises de division, de séparation, d’oppression ou de haine, perd de son influence… au profit d’une force spirituelle de salut et de guérison voulue par Dieu…. 


Sachant, de toute façon, que le message de Jésus aura le dernier mot sur notre terre. 

Soyons-en certains !


Depuis notre baptême, nous avons reçu le privilège – la grâce – d'être associés à cette aventure extraordinaire de l'Évangile : réjouissons-nous !


Dieu n'a pas fini de faire pression sur les auditeurs de l'Évangile, pour sauver notre monde de ses démons ! 

Et il compte sur nous pour recevoir son Esprit… pour le faire rayonner et le propager !  Amen.



Lectures bibliques – dimanche 10/12/2023


Es 2, 11-18. 20.22


11 Le regard orgueilleux des humains sera abaissé, les personnes hautaines devront s'incliner. Ce jour-là, le Seigneur seul sera reconnu grand. 

12 Car le Seigneur de l'univers se réserve un jour pour prononcer son jugement contre tout ce qui prétend être grand ou supérieur, afin de le rabaisser : 

13 contre tous les cèdres du Liban à la taille si haute, et les chênes du Bachan ; 

14 contre toutes les hautes montagnes et toutes les collines dominantes, 

15 contre toutes les tours surélevées et les murailles inaccessibles ; 

16 contre tous les grands navires de Tarsis et les bateaux de luxe. 

17 L'orgueil des humains devra s'incliner et les personnes hautaines seront abaissées. Ce jour-là, le Seigneur seul sera reconnu grand. 

18 Les faux dieux disparaîtront entièrement. […]

20 Ce jour-là, on jettera aux rats et aux chauves-souris les faux dieux d'argent et d'or, que l'on a fabriqués pour se prosterner devant eux. […]

22 Cessez de compter sur l'être humain, sa vie ne tient qu'à un souffle. Quelle valeur lui reconnaître ?


Jr 17, 5-8


5 Ainsi parle le SEIGNEUR : Maudit, l’homme qui compte sur des mortels :
sa force vive n’est que chair, son cœur se détourne du SEIGNEUR.

6 Pareil à un arbuste dans la steppe, il ne voit rien venir de bon ;
il hante les champs de lave du désert, une terre salée, inhabitable.

7 Béni, l’homme qui compte sur le SEIGNEUR :
le SEIGNEUR devient son assurance.

8 Pareil à un arbre planté au bord de l’eau
qui pousse ses racines vers le ruisseau,
il ne sent pas venir la chaleur, son feuillage est toujours vert ;
une année de sécheresse ne l’inquiète pas, il ne cesse de fructifier.


Marc 1, 1-12


1 Commencement de l’Evangile de Jésus Christ Fils de Dieu : 

2 Ainsi qu’il est écrit dans le livre du prophète Esaïe, Voici, j’envoie mon messager en avant de toi, pour préparer ton chemin.

3 Une voix crie dans le désert :
Préparez le chemin du Seigneur,
rendez droits ses sentiers.

4 Jean le Baptiste parut dans le désert, proclamant un baptême de conversion en vue du pardon des péchés. 

5 Tout le pays de Judée et tous les habitants de Jérusalem se rendaient auprès de lui ; ils se faisaient baptiser par lui dans le Jourdain en confessant leurs péchés. 

6 Jean était vêtu de poil de chameau avec une ceinture de cuir autour des reins ; il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage. 

7 Il proclamait : « Celui qui est plus fort que moi vient après moi, et je ne suis pas digne, en me courbant, de délier la lanière de ses sandales. 

8 Moi, je vous ai baptisés d’eau, mais lui vous baptisera d’Esprit Saint. »


9 Or, en ces jours-là, Jésus vint de Nazareth en Galilée et se fit baptiser par Jean dans le Jourdain. 

10 A l’instant où il remontait de l’eau, il vit les cieux se déchirer et l’Esprit, comme une colombe, descendre sur lui. 

11 Et des cieux vint une voix : « Tu es mon Fils bien-aimé, il m’a plu de te choisir. »


12 Aussitôt l’Esprit pousse Jésus au désert. 

13 Durant quarante jours, au désert, il fut tenté par Satan. Il était avec les bêtes sauvages et les anges le servaient.

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