Meditation Mt 21, 33-46

 Mt 21, 33-43. 45-46 

Méditation pour RCF Bordeaux - vendredi 10/03/23

Écoutez sur RCF : https://www.rcf.fr/vie-spirituelle/priere-0?episode=348784

33Écoutez une autre parabole : Il y avait un propriétaire qui planta une vigne ; il l'entoura d'une clôture, y creusa un pressoir à raisin et bâtit une tour de garde. Ensuite, il loua la vigne à des vignerons et partit en voyage. 

34Quand vint le moment de récolter le raisin, il envoya ses serviteurs vers les vignerons pour recevoir sa récolte. 

35Mais les vignerons saisirent ses serviteurs, battirent l'un, assassinèrent l'autre et tuèrent un troisième à coups de pierres. 

36Le propriétaire envoya d'autres serviteurs, en plus grand nombre que la première fois, mais les vignerons les traitèrent de la même façon. 

37Finalement, il leur envoya son fils en pensant : “Ils respecteront mon fils.” 

38Mais quand les vignerons virent le fils, ils se dirent entre eux : “Voici l'héritier ! Allons, tuons-le et nous aurons son héritage !” 

39Ils le saisirent donc, le jetèrent hors de la vigne et le tuèrent.

40Quand le propriétaire de la vigne viendra, que fera-t-il à ces vignerons ? » demanda Jésus. 

41Ils lui répondirent : « Il mettra à mort sans pitié ces criminels et louera la vigne à d'autres vignerons, qui lui remettront la récolte au moment voulu. »

42Puis Jésus leur dit : « N'avez-vous jamais lu ce que déclare l'Écriture ?

“La pierre que les bâtisseurs ont rejetée

est devenue la pierre d'angle.

C'est le Seigneur qui a fait cela,

et c'est une chose admirable à nos yeux !”

43C'est pourquoi, ajouta Jésus, je vous le déclare : le règne de Dieu vous sera enlevé pour être confié à un peuple qui en produira les fruits. […]

45Les chefs des prêtres et les pharisiens entendirent les paraboles de Jésus et comprirent qu'il parlait d'eux. 

46Ils cherchèrent alors un moyen de l'arrêter, mais ils eurent peur de la foule qui considérait Jésus comme un prophète.

Jésus reprend les images de la vigne, de la tour et de la cuve, qu’on trouve au chapitre 5 du livre d’Esaïe, pour raconter une nouvelle parabole. 

Seulement ici, ce n’est pas la vigne qui est en cause, car elle produit du fruit. Mais ce sont les vignerons qui font usage de violence et refusent de partager les fruits avec le propriétaire.

Celui-ci symbolise la figure du Père céleste. Et les envois successifs des serviteurs, maltraités, tués ou lapidés évoquent les prophètes envoyés par Dieu au peuple d’Israël, pour lui rappeler les exigences de la justice et de l’obéissance. 

Ils ont malheureusement été maltraités ou éliminés, et leur message a été ignoré par le peuple. 

Plus largement, les envois successifs et infructueux évoquent la résistance des hommes à la révélation de Dieu ou le refus d’écouter sa volonté. 

Ces envois culminent dans celui « du fils » (v.37) tué « hors de la vigne » (v.39).

Comme dans le chant de la vigne du livre d’Esaïe, l’histoire se termine par un jugement. Selon les interlocuteurs de Jésus, le maitre de la vigne fera « périr » (v.41) les meurtriers indignes et donnera la propriété à d’autres. 

Les meurtriers finiront donc comme ils ont vécu, emportés par la violence. 

Et d’autres leur succéderont. 

Ce qui indique que le Seigneur trouve toujours le moyen d’ouvrir un avenir nouveau, malgré les évènements contraires ou les refus violents. 

Dieu n’a pas dit son dernier mot !

Une interprétation est donnée [à partir d’un extrait de citation du Psaume 118, 22-23] : La pierre rejetée va devenir la pierre angulaire d’une nouvelle alliance avec Dieu.  

C’est ici une référence à Jésus Christ, Fils de Dieu, qui sera rejeté, qui va mourir et ressusciter, et qui deviendra la « pierre angulaire » d’une communauté nouvelle. 

La conséquence, c’est que le Royaume de Dieu sera confié à d’autres, à des croyants appelés, cette fois, à produire et à partager les fruits.

Cette parabole est contextuelle : elle s’adresse ici aux interlocuteurs de Jésus, qui sont les Religieux de son temps [: les chefs des prêtres et les pharisiens, enfermés dans leur lecture étroite des Écritures et dans l’incrédulité.] 

Le passage a donc une visée d’interpellation. Il vise à opérer une remise en cause et une conversion. 

L’endurcissement du cœur des croyants peut conduire à une forme d’aveuglement et de violence. 

Seulement, il serait commode, pour nous, de croire que ce récit ne parle que des autres : des Pharisiens, des contemporains de Jésus, des hommes morts depuis longtemps. 

La réalité, c’est que nous sommes concernés par cette Parole. 

Car nous sommes, nous aussi, héritiers des promesses de Dieu et membres de cette alliance nouvelle bâtie sur Jésus-Christ.

Nous sommes donc appelés à produire des fruits et à les partager avec d’autres, grâce à l’Esprit saint (cf. Ga 5, 22-23) : 

Ces fruits sont « l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bienveillance, la foi, la douceur, et la maîtrise de soi. »