mardi 3 juin 2025

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Les méditations proposées ici se situent dans l'horizon d'une Spiritualité chrétienne... Elles se fondent sur l'interprétation de l’Évangile comme "Bonne Nouvelle", qui nous rappelle qu'une Grâce originelle nous est offerte... laquelle nous ouvre à la liberté et la confiance !

Lors des cultes du dimanche, les Protestants essaient de mettre en lien leur vie présente avec l’Évangile... Il s'agit de se laisser inspirer par l'Esprit au quotidien... de s'ouvrir à quelque chose de Nouveau... 

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  Bonne lecture !

dimanche 25 mai 2025

Le trésor et le marchand de perles

 Lectures bibliques : Ps 63, 2-9 ; Ep 4, 23-24.32 ; Lc 17, 20-21 ; Mt 13, 44-46 ; Jn 15, 5-17 = voir textes en fin de document  

Thématique : le royaume : le trésor et le marchand de perles
Prédication de Pascal LEFEBVRE - le 25/05/25 - temple du Hâ (Bordeaux) 
(Largement inspirée d’une méditation de Dominique Collin) 


* « Le Royaume des cieux est comparable à un trésor qui était caché dans un champ et qu'un homme a découvert » (v.44) 
Qui n’a jamais rêvé de découvrir un jour un trésor, peut-être par hasard, dans son jardin ? Ou à l’occasion de gros travaux, derrière une cloison, dans une vieille maison ? 

On imagine la joie d’une telle découverte… pas seulement à cause de la valeur potentielle du bien trouvé… mais du fait de l’émotion qu’elle susciterait. 

Eh bien, la parabole du trésor nous montre qu’une joie semblable gagne celui ou celle qui découvre le Royaumes des cieux… quand bien même cette trouvaille serait purement fortuite. 

Celui ou celle qui ferait une telle découverte… prendrait immédiatement conscience da sa valeur extraordinaire… au point d’élaborer une stratégie… pour l’acquérir de façon définitive. 

La petite histoire précise, en effet, que le mystérieux trésor était caché dans un champ… et c’est là que l’homme le remettra, en vue d’y revenir et de l’obtenir - plus tard - de manière durable. 

Cette image du « champ » peut évidement être interprétée comme ce qui représente « le coeur humain ». 
Secrète et profonde, comme un champ, l’intériorité est le lieu où repose un trésor, qui peut être identifié à notre véritable Soi. 
Derrière les apparences, derrière le masque de l’égo, se cache notre Être profond… qui est lié à Dieu…  connecté au divin… et qu’il nous appartient de découvrir… 

Précisément, s’il s’agit de le découvrir… c’est qu’il nous manque a priori… c’est que quelqu’un ou quelque chose nous appelle à désirer ce trésor enfoui en nous. 

C’est ainsi que l’être humain s’éprouve comme un être de désir… et de manque…  

Au-delà de toute nos quêtes ou nos soifs de « toujours plus », d’avoir, de pouvoir, de reconnaissance, de confort, de réussite… ne serait-ce pas - en réalité - une quête de vie, d’accomplissement, de plénitude, d’éternité, d’infini… qui nous anime et nous pousse en avant ? 

Sans cesse, nous désirons plus que ce que nous avons… nous ne voulons pas seulement « l’avoir »… nous voulons « l’être » : nous cherchons sans cesse à nous créer, à évoluer, à nous accomplir, à réaliser nos potentialités, afin d’atteindre notre véritable Soi. 

Le Royaume de cieux renvoie peut-être à cette quête d’individuation, à cette soif essentielle d’unification de tout notre être… pour faire advenir en nous « l’Homme nouveau », caché dans les sillons du coeur. 

Malheureusement, la plupart du temps, à cause des préoccupations quotidiennes, nous délaissons le lieu de notre unification… pour courir en tous sens, à la surface de nous-mêmes. 

Nous ne restons qu’à la surface de notre champ d’être… en cherchant mille manières ou occasions d’échapper au manque d’être… par des activités matérielles, des distractions, ou simplement des avoirs de toutes sortes : biens matériels, occupations divers, expériences multiples, relations mondaines permettant d’échapper à la solitude, etc. 

Au lieu de retourner au coeur de notre être, nous nous dispersons, nous nous éparpillons… et nous nous trouvons divisés et morcelés. 

Mais, Jésus nous rappelle que, malgré notre superficialité, le trésor qu’est notre Soi véritable uni à Dieu, nous attend : il est bien là quelque part enfoui… il demeure tout proche de nous. 

Le fait que ce Royaume soit « des cieux » ne signifient pas qu’il soit lointain ou inaccessible… mais  qu’il représente un ailleurs, une altérité : la part spirituelle de nous-mêmes. Et que cette réalité est déjà là… « à portée de coeur ». 

Lorsque des pharisiens interrogent Jésus pour savoir « quand doit venir le Royaume de Dieu » (cf. Lc 17, 20-21), le Maître répond en ce sens : Le Royaume « ne viendra pas comme un fait observable… de manière ostensible » Mais il est déjà accessible… à notre portée… au milieu de nous… « au dedans de nous ». 

« L’annonce de la Bonne Nouvelle qui remplit toute la prédication de Jésus, notamment en paraboles, n’a d’autre but que de révéler, en chacun de nous [dans notre intériorité] la présence du trésor qu’est le Royaume ». 


C’est l’expérience inouïe que réalise, quelques instants, l’homme de la parabole : il touche à l’essentiel… il découvre en lui - dans la profondeur de son champ - la présence de ce trésor : le Royaume des cieux… 

Et cette découverte du vrai Soi - de l’Être véritable - semble avoir lieu par surprise… presque par hasard !
C’est l’inattendu d’une Grâce offerte… l’inouï d’une rencontre… un peu comme une Bonne nouvelle imprévue… ou l’émerveillement soudain devant un paysage…

C’est ce qu’écrit très bien Dominique Collin. Je cite : 
« La véritable vie spirituelle s'éveille quand on découvre, dans les hasards de la vie, le trésor dans son coeur. Elle nous attend toujours là où on s'y attendait le moins. D'ailleurs, dans notre parabole, l'homme devait être en train de travailler dans le champ. Il n'était pas en méditation, il labourait ! Nous risquons d'oublier que le royaume se donne à trouver dans les moindres recoins de nos existences humaines. Il n'y a aucune dimension de nos vies, même la plus banale, qui ne renferme le trésor de Dieu. C'est donc une des plus grandes grâces qu'offre la foi que de découvrir, dans sa vie, la présence cachée du royaume ». 

Discernant le caractère éminemment précieux de cette trouvaille… l’homme « le cache à nouveau »… en vue d’y revenir…

N’étant pas le propriétaire du champ, et donc du trésor… il imagine une ruse - un stratagème - lui permettant de mettre la main sur sa trouvaille de façon pérenne : 

Tout en cachant sa découverte au propriétaire légitime, il va opérer un choix radical : il va vendre tout ses biens, tout ce qu’il possède, et leurrer le propriétaire, en lui proposant d’acheter son champ. 

Son comportement peut sembler déloyal ou immoral, mais ce n’est pas le sujet de la parabole… 
L’enjeu de la parabole n’est pas de porter une appréciation sur le comportement de l’homme. 
Il ne s’agit pas ici de savoir si son attitude est juste ou injuste, permise ou défendue… mais davantage de s’interroger sur l’action à mener face à une découverte existentielle, capable de transformer toute une vie. 

Ce qui est mis en avant, c’est sa motivation - et la transformation - déclenchée par l’extraordinaire trouvaille. 
Désormais, l’homme tient plus que tout à acquérir le champ, pour atteindre à nouveau le trésor qu’est le Royaume. 

Le lecteur de la parabole est ainsi accompagné dans son questionnement…
C’est comme si le récit nous posait la question : et toi, qu’en dis-tu ?
Si tu avais trouvé le trésor en toi… Que ferais-tu ? Quel serait l’ordre de tes priorités ? 
Serais-tu prêt à faire ce choix radical - de tout donner, de te libérer, d’oser lâcher ton égo et tes soucis - pour (re)découvrir et toucher, à nouveau, l’essentiel ? 

Un autre niveau de lecture est également possible, en nous arrêtant sur le fait que l'homme cache de nouveau le trésor : 
Cette indication ne vise-t-elle pas à nous révéler que la mise à découvert du royaume demande - dans le même temps - sa remise en profondeur ? 
« L'être humain ne peut jouir de son trésor que dans les entrailles du champ de sa vie. 
En cachant à nouveau le trésor dans son cœur, l'homme favorise l'intériorité et la profondeur ».

N’est-ce pas là aussi un des messages de la parabole : nous inviter à chercher inlassablement le trésor du Royaume dans l’intériorité et la profondeur de notre existence ? 

Le texte fait également écho à la joie… 
C’est à cause de sa joie -et à partir d’elle - que l’homme va désormais agir. 

Cette joie trouve son origine dans la découverte de la vérité de son coeur :
l’homme est fait pour Dieu… son coeur est taillé pour l’infini… pour l’amour infini !

C’est cette  joie qui va maintenant réorienter sa vie…

A nouveau le lecteur est questionnée par la parabole… surtout dans les moments d’incertitude ou de bouleversement…. où il est parfois difficile de trouver une direction de vie… et de répondre à la question du sens…

Comment s’orienter dans la vie, afin de trouver du sens ? 
La parabole nous dit : « A partir de ta joie » ! 
« La joie est la meilleure table d’orientation de la vie ». 

La joie qui remplit l’évangile et les paraboles, c’est celle de la rencontre !
C’est « celle du père qui accueille son fils retrouvé… celle du berger qui retrouve sa brebis perdue… celle des invités au banquet de noces… celle des deux disciples d’Emmaüs… » 

C’est la joie qui nait du coeur… de la rencontre de l’autre… et de l’Autre (avec un grand A)…. Celle qui naît du centre vital de l’être humain où se réalise progressivement l’unification de toutes ses dimensions. 

« Elle vient de cet appel inscrit dans les profondeurs de notre être à vivre la ressemblance de Dieu »… à éprouver sa compassion, son amour, sa générosité… 

Écoutons ce que souligne Dominique Collin : 
« La joie est indispensable à la vie du cœur et illumine son intelligence. Sans joie, tout se rabougrit, tout est terne, insipide, vain. La joie, don de l'Esprit au cœur, est le médicament le plus sûr contre les manifestions [de sclérose du cœur et d’endurcissement] ». 

« La joie ouvre le trésor fondamental de l’existence : la liberté. 
Seule une liberté ouverte par la joie peut donner toute sa mesure et dilater amplement l'être humain »


Il en est autrement de la tristesse… 
La tristesse souffre de ne pas rencontrer une adéquation parfaite entre ce qui arrive et ses besoins… elle éprouve toujours une dose d’insatisfaction et s’empêche ainsi de s’ouvrir à la nouveauté… à la possibilité inédite qu’offre tout évènement… 
Ainsi « la tristesse restreint le champ de la liberté en lui refusant la grâce d'être dilatée par l'accueil élargi de la vie dans toutes ses facettes. »

Au contraire, la joie est accueil… 
Elle s’ouvre plus largement à tous les événements donnés de la vie… elle les reçoit comme des occasions, des cadeaux permettant l’expérience, l’évolution, l’unification … 
Elle vit ainsi selon le don de la liberté. 

C’est cette joie qui va permettre à l’homme de la parabole de faire preuve d’audace… il va « vendre tout ce qu'il possède, pour acheter ce champ. » 
La joie le met en route, car elle est « élan vital, dynamisme de vie ». 
Elle est instauratrice d’innovation et de liberté ! 

Afin d’acheter le champ, l’homme de la parabole devra à nouveau « tourner et retourner » sa vie…
De fait, découvrir le trésor de son cœur — son identité profonde et merveilleuse — ne laisse pas en place. « Cela remue profondément ! »

Cela vaut bien la peine de « tourner et retourner » son existence, si c’est pour « permettre au trésor du royaume d’enrichir toutes les dimensions de la vie ».

* L’autre petite parabole - celle de la perle - vient compléter le tableau…
A la différence du royaume comparé à un trésor… le royaume n’est pas comparé à la perle de grand prix… mais au négociant qui cherche des perles fines. 

Cette différence est intéressante : « d’un côté, le royaume est comme une réalité qu’on trouve ; de l’autre, le royaume est une recherche », une quête.  Les deux attitudes sont complémentaires et forment une communion, une unité profonde. 

D’une part, Dieu se cherche - comme le souligne le psalmiste : « Mon Dieu, je te cherche… mon âme a soif de toi ! » (Cf. Ps 63). Et nous sommes alors comme ce négociant…
D’autre part, Dieu s’expérimente (dans la méditation et la prière) et se trouve… Il devient alors notre trésor. 

« Constamment, dans la Bible, le fait de « chercher » est la marque du croyant. 
Se mettre en marche comme Abraham ou Jésus manifeste que la recherche est au cœur de la vie de foi. »


Il serait sans doute bon de considérer la foi - non comme quelque chose qu’on a ou qu’on possède - mais comme une quête… car précisément, une quête nous invite à un déplacement, un cheminement, une transformation dynamique… qui implique des choix…

«Ayant trouvé une perle de grande valeur, le marchand va vendre tout ce qu'il possède, et il achète la perle.» 

De tout temps, les perles représentent un bien précieux et estimé. […]
«C’est une perle rare ! » [Entend-on parfois]
Cette expression familière désigne les personnes de grande qualité que nous avons la chance de rencontrer - souvent par hasard  - sur nos chemins. […]

« L'amitié est, de toutes les formes de relation, celle qui s'approche le plus de l'image de l'huître contenant une perle précieuse. Il lui faut du temps pour se cristalliser et former cet agglomérat de nacre. […] 
Pour reprendre l'image de l'huître et de la perle, les relations demandent à sécréter patiemment le meilleur : la qualité de la présence, l'attention délicate, la compassion. […] On est invité à laisser [les autres] être ce qu'ils sont - parfois dans leur coquille ! -  des êtres de qualité, des perles rares. »


Dans l’Évangile de Jean (cf. Jn 15), Jésus n’appelle plus ses disciples « serviteurs », mais « amis ». 
Outre l’explication qu’en donne l’évangile - le don de la confiance et la transmission de la connaissance de Dieu - c’est peut-être une façon de les reconnaître pour ce qu’ils sont : malgré leurs fragilités et leurs failles… ce sont des êtres de qualités, des perles rares… aimés du Dieu d’amour. 

* Pour conclure… on peut se demander si le marchand de perles fines, ce n’est pas Jésus-Christ lui-même : N’est-il pas, en effet, celui qui est venu incarner le Royaume ?… celui qui a été semblable à un marchand de perles qui, ayant trouvé une perle de grand prix, s’en est allé, a tout vendu, tout ce qu’il avait, et l’a achetée ?

Toute la passion du Christ - avant Pâques - ne nous montre-t-elle pas qu’il a agi à la manière de ce marchand riche qui a consenti à se dépouiller de toute sa gloire, pour posséder la perle qu’il a découverte.
Il s’est abaissé et humilié, il s’est déparé et vidé lui-même, pour racheter cette perle merveilleuse. 
Il est le Fils de l'Homme venu chercher l’inestimable perle, tant aimée de Dieu, le chef-d’œuvre de la création : l’homme, la femme, tout être humain… toi… moi… nous. 

Alors… finalement…  ces petites paraboles du Royaume… ne nous appellent-elles pas à prendre la suite de Jésus? … à devenir - à notre tour - semblable au Christ ?… à laisser Dieu régner dans nos coeurs… à recevoir son amour… à le laisser être notre trésor : le trésor qui nous permettra de développer une véritable richesse spirituelle et relationnelle ?

C’est dans notre intériorité que ce trouve la richesse - le trésor, le don, la perle - que Dieu a déposé en nous… il nous revient de partir à sa recherche… puisque le psalmiste l’affirme : notre âme a soif du Dieu vivant ! 

Amen. 

Lectures bibliques

Ps 63, 2-9


2Ô Dieu, c’est toi mon Dieu, je te cherche.
Mon cœur a soif de toi,
mon corps a besoin de toi comme une terre sèche, assoiffée, sans eau.
3Oui, longtemps je t’ai regardé dans le lieu saint,
j’ai vu ta puissance et ta gloire.
4Ton amour vaut mieux que la vie.
Ma bouche chantera ta louange.

5Toute ma vie, je te dirai merci
et je lèverai les mains pour rendre gloire à ton nom.
6Mon cœur goûtera le bonheur comme une nourriture délicieuse.
Ma bouche pleine de joie chantera ta louange.

7Quand je suis couché, je me souviens de toi,
pendant des heures, je pense à toi.
8Oui, tu viens à mon aide,
je crie de joie à l’ombre de tes ailes.
9Je suis attaché à toi de tout mon cœur,
ta main puissante me soutient.

Ep 4, 23-24.32

 
23il vous faut être renouvelés par la transformation spirituelle de votre intelligence 24et revêtir l'homme nouveau, créé selon Dieu dans la justice et la sainteté qui viennent de la vérité.
32Soyez bons les uns pour les autres, ayez du cœur ; pardonnez-vous mutuellement, comme Dieu vous a pardonné en Christ.
 

Lc 17, 20-21

20Les Pharisiens demandèrent à Jésus : « Quand donc vient le Règne de Dieu ? » Il leur répondit : « Le Règne de Dieu ne vient pas comme un fait observable. 21On ne dira pas : “Le voici” ou “Le voilà”. En effet, le Règne de Dieu est parmi vous / au dedans de vous. »
 

Mt 13, 44-46

44« Le Royaume des cieux est comparable à un trésor qui était caché dans un champ et qu'un homme a découvert : il le cache à nouveau et, dans sa joie, il s'en va, met en vente tout ce qu'il a et il achète ce champ. 45Le Royaume des cieux est encore comparable à un marchand qui cherchait des perles fines. 46Ayant trouvé une perle de grand prix, il s'en est allé vendre tout ce qu'il avait et il l'a achetée.

Jn 15, 5-17

5Je suis la vigne, vous êtes les sarments : celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là portera du fruit en abondance car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire. 6Si quelqu'un ne demeure pas en moi, il est jeté dehors comme le sarment, il se dessèche, puis on les ramasse, on les jette au feu et ils brûlent. 7Si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous, vous demanderez ce que vous voudrez, et cela vous arrivera. 8Ce qui glorifie mon Père, c'est que vous portiez du fruit en abondance et que vous soyez pour moi des disciples. 9Comme le Père m'a aimé, moi aussi je vous ai aimés ; demeurez dans mon amour. 10Si vous observez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, comme, en observant les commandements de mon Père, je demeure dans son amour.
11« Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit parfaite. 12Voici mon commandement : aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. 13Nul n'a d'amour plus grand que celui qui se dessaisit de sa vie pour ceux qu'il aime. 14Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande. 15Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur reste dans l'ignorance de ce que fait son maître ; je vous appelle amis, parce que tout ce que j'ai entendu auprès de mon Père, je vous l'ai fait connaître. 16Ce n'est pas vous qui m'avez choisi, c'est moi qui vous ai choisis et institués pour que vous alliez, que vous portiez du fruit et que votre fruit demeure : si bien que tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous l'accordera. 17Ce que je vous commande, c'est de vous aimer les uns les autres.

dimanche 11 mai 2025

Compassion, pardon et gratitude

Lectures bibliques : Col 3, 12-17 ; Mt 5,7 ; Lc 6, 36-38 ; Lc 10, 25-37 = voir textes en fin de document + volonté de Dieu : 1 Th 5, 14-21 (extraits)
Thématique : compassion, pardon et gratitude… pour cheminer vers le bonheur 
Prédication de Pascal LEFEBVRE - le 11/05/25 (Bordeaux) - 18/05/25 (Soulac) 


* Les textes du Nouveau Testament choisis pour ce jour, dressent un chemin de bonheur proposé aux disciples de Jésus-Christ, à travers 3 mots importants pour notre vie quotidienne : compassion, pardon et gratitude. 

* Nous connaissons bien cette béatitude : « Heureux les miséricordieux, car il leur sera fait miséricorde » (cf. Mt 5,7)… ou dans une autre traduction : « Heureux ceux qui sont compatissants, car ils obtiendront compassion ». 

De nos jours, on n’utilise plus tellement le mot « miséricorde » : il est devenu rare et surtout religieux. 
Je me suis demandé qu’elle est vraiment la différence entre la miséricorde et la compassion… et j’ai trouvé différentes réponses. 

En un mot, on pourrait dire que la miséricorde = c’est la compassion + le pardon. 

* La compassion, nous savons tous ce que c’est : c’est un « sentiment que nous fait éprouver la souffrance d’autrui ». 
« Compatir », c’est « souffrir avec », c’est se tenir à côté de quelqu’un en partageant sa souffrance. Celui qui éprouve de la compassion ressent et partage l’affliction d’autrui… comme il peut aussi partager la joie de celui qui l’éprouve. 

La compassion, c’est ce qui traverse et chamboule le bon samaritain, dont Jésus parle dans sa parabole (cf. Lc 10) : c’est l’homme qui est ému aux entrailles, qui est saisi de compassion, pour l’homme atterré. 
Sa compassion le pousse à agir… Il va prendre soin de son prochain… de celui dont il accepte de se faire proche… de se rendre disponible… pour l’accompagner et le secourir. 

Dans son sermon sur la Plaine (cf. Lc 6), Jésus dit de Dieu qu’il est un Père compatissant… « Soyez compatissants, comme votre Père est compatissant ». Ou - autre traduction - « Soyez généreux, comme votre Père est généreux ». 

Dieu est donné en exemple à suivre… et la compassion est ainsi présentée comme un acte de générosité. 
Est compatissant celui qui a le coeur ouvert… qui se laisse émouvoir par ce qui touche autrui… mais également celui qui agit, qui s’engage, qui se donne lui-même ou qui partage son bien, son avoir, son temps, pour prendre soin… 

Le contraire de la compassion est l’indifférence… l’insensibilité ou la dureté de coeur… - c’est ce qui menace parfois notre société -… et c’est ce qui semble caractériser le lévite ou le prêtre de la parabole, qui passent «  à bonne distance », le plus loin possible de l’homme à terre… sans s’arrêter… 
Mais ce que le texte ne dit pas c’est « pourquoi ? » …  Ce qui motive leur attitude relève certainement de leur compréhension des règles de pureté. Ils ne veulent pas se rendre « impurs » en touchant un homme ensanglanté… car si tel était le cas, ils ne pourraient plus accomplir leur office au temple… ils devraient attendre 7 jours, afin de se purifier… 

La petite histoire racontée par Jésus interroge ainsi l’ordre de nos priorités : qu’est-ce qui était le plus important pour ces hommes ? Devenir un prochain, se faire proche de l’homme atterré pour le secourir… ou conserver leurs habitudes et se conformer à leur règles, pour poursuivre leur travail et leur routine religieuse au temple… Jésus ne dénonce-t-il pas ici un dérèglement ?… une forme d’hypocrisie du système ? 

Ce texte interroge notre humanité… nos priorités… notre disponibilité… notre ouverture de coeur… Est-ce que nous éprouvons de la compassion pour ceux qui souffrent autour de nous ? Est-ce que nous prenons le temps de ressentir ce que vivent les personnes les plus éprouvées ou les plus fragiles ?

C’est une question importante… car il en va de notre humanité. 
Si nous ne nous laissons plus toucher par le malheur d’autrui… si l’injustice ne nous révolte plus… si la souffrance d’autrui ne nous indigne plus… (si le sort des plus pauvres, des SDF, des migrants, des personnes en fin de vie… des enfants ou des femmes maltraités… ne nous touchent plus)… alors, cela signifie que nous devenons « insensibles »… nous devenons des robots, des machines… nous sommes conditionnés, formatés… soit par la société individualiste, qui prône l’égocentrisme et le « chacun pour soi »… soit par la société technicienne, qui ne pense qu’à l’économie, la performance et la rentabilité… oubliant tous ceux qui sont laissés de côté, sur le bord de la route. 

Aujourd’hui, notre monde doit ré-interroger ce sentiment profond et humain qu’est la compassion… car on constate que les choses ne tournent plus rond… quand des principes, des enjeux économiques, des idéologies politiques, ou simplement des objets et des biens, deviennent plus importants que la vie elle-même ou le sort des personnes humaines. 

Est-ce que les images et la violence que nous voyons quotidiennement à la télévision ou sur les réseaux sociaux, ne contribuent pas à banaliser des situations, qui devraient nous sembler inacceptables et intolérables ? 

Pour rejoindre notre actualité… Est-ce que le projet de loi sur la fin de vie… et les évolutions initiant l’aide à mourir, le suicide assisté et l’euthanasie… répondent seulement à une préoccupation de dignité humaine ou également à des enjeux économiques destinés à faire des économies ?… alors qu’on sait que les soins palliatifs - qui prônent la relation humaine et l’accompagnement jusqu’au bout… et qui, certes, coûtent beaucoup plus chers - manquent cruellement de moyens ?

Bien des questions se posent quand un des arguments entendus, parle d’une économie future de 1,4 milliards d’euros par an, grâce à cette évolution législative. Que faut-il vraiment en penser ? 

Est-ce que dans ce débat, on ne confond pas aussi - à tort - la notion de dignité avec celle d’autonomie ? Précisément, la dignité d’une personne n’a rien à voir avec son niveau d’autonomie. 

Autre exemple… Que penser encore quand certains restent silencieux ou - pire encore - tentent de trouver une justification à la souffrance terrible des enfants de Gaza ?… comme si on pouvait soulager une quelconque douleur ou venger des morts, en affamant des innocents ou en condamnant des enfants.
Tout cela est insensé : on ne peut jamais rien bâtir sur la haine de l’autre ou son extermination. On risque simplement de perdre son humanité ! 

Pour sa part, Jésus nous appelle à raisonner avec le coeur… à nous laisser toucher par le malheur des autres… à agir avec bonté envers autrui… « Va et, toi aussi, fais de même ! » - dit-il, à l’exemple du bon samaritain. 

* Le mot « miséricorde » dont je parlais, il y a un instant… rejoint la notion de « compassion », mais il y ajoute un aspect : celui du « pardon ». 

La miséricorde est une forme de compassion bienveillante, qui pousse à pardonner ou à aider quelqu’un, malgré ses fautes ou ses erreurs.

Il y a donc une dimension supplémentaire dans la miséricorde, c’est le fait que la générosité rejoint le non-jugement et l’indulgence…  pour mener l’entraide au pardon. 

Lorsqu’on parle de la miséricorde de Dieu, on fait allusion à la foi en un Dieu de Grâce, qui ne s’arrête pas au péché ni au mal… un Dieu plein de bonté, qui voit plus loin que nos erreurs et nos échecs…. Qui est capable d’accorder son pardon avec bienveillance, au lieu de juger et de condamner.

Ici encore, Jésus nous appelle à imiter Dieu… Mais il opère une sorte de retournement, en nous appelant à prendre l’initiative… Il annonce que la miséricorde reçue, sera une conséquence de l’attitude miséricordieuse que nous aurons nous-mêmes expérimentée  : « Heureux les miséricordieux, il leur sera fait miséricorde ! »

Nous pourrions tenter de traduire cette béatitudes dans un langage plus actuel… Peut-être que cela donnerait : « Heureux ceux qui sont bons et magnanimes, ils recevront, à leur tour, bonté et magnanimité » 

La magnanimité est une vertu du coeur… poussant à agir, de façon désintéressée, en faisant preuve de clémence, d’indulgence et de générosité.  

Dans l’Ancien testament, le mot « miséricorde » est relié au terme pluriel « entrailles »… qui indique la giron de la mère, l’utérus où l’enfant est porté avant sa naissance. 
Dans l’anthropologie biblique, les entrailles désignent le lieu où les sentiments les plus profonds d’amour et de compassion prennent leur source : l’amour viscéral, intense et miséricordieux. 

[[ On peut penser à la splendide affirmation du prophète Esaïe au sujet de Dieu - je cite : « La femme oublie-t-elle son nourrisson ? N’a-t-elle pas compassion pour le fils de ses entrailles ? / oublie-t-elle de montrer sa tendresse à l'enfant de sa chair ? Même si celles-là oubliaient,
moi, je ne t'oublierai pas ! » - déclare le Seigneur (cf. Es 49, 15-16).
 

L’Éternel est ainsi présenté comme « le Dieu miséricordieux, lent à la colère, riche en amour et en fidélité » (cf. Ex 34,6). Il est comme un Père, qui aime de façon inconditionnelle, avec des entrailles d’amour maternelles. 

Pour Jésus, la miséricorde de Dieu est une attitude prévenante et un sentiment inépuisable, bien plus fort que toute autre exigence divine : 
Dieu est - avant toute chose - Celui qui aime et qui pardonne. ]]

Nous en avons une belle illustration dans la parabole du fils perdu (cf. Luc 15), qui met en avant un père miséricordieux, prodigue d’amour - je cite l’évangile de Luc : « Tandis que le fils était encore loin, son père l’aperçu et fut ému aux entrailles (saisi de compassion) ; il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers » (cf. Lc 15,20).

C’est exactement le même terme qui qualifie l’attitude du bon samaritain et celle du père prodigue : Dieu est celui qui incarne cette bonté miséricordieuse et compatissante, qui aime et qui pardonne. 

De cette miséricorde divine envers chacun de nous… nait la possibilité de notre propre miséricorde à l’égard des autres… 
En effet, si Dieu est « le miséricordieux »… il s’ensuit que le croyant est appelé à faire de même… il est habilité, à son tour, à adopter un style de vie marqué par la même indulgence envers les autres… et la même capacité à pardonner. 

« Pardonner » est parfois difficile ! Nous le savons… ça n’a rien d’évident ! Et pourtant, nous en avons besoin dans nos relations sociales… en famille, dans notre travail, notre église ou nos également associatifs…

Le pardon un acte / un travail de « lâcher-prise »… C’est un choix conscient… c’est accepter de libérer l’autre d’une faute ou d’une offense… le libérer d’un poids ou d’une dette… et c’est aussi - dans le même geste - se libérer soi-même : se libérer de la rancune ou de la rancoeur… se libérer d’un sentiment d’amertume, d’un ressentiment ou d’une haine… 

A travers le pardon, on atteste que l’amour est plus fort que le mal… On brise la chaine de l’inimitié et de la vengeance. 

[[ La béatitude proposée par Jésus est ainsi un chemin de bonheur et de libération… Car éprouver de la compassion, nous rend « humain » et nous fait agir avec le coeur… et éprouver de la miséricorde, en entrant dans le pardon, nous rend - pour ainsi dire - « divin »… en nous permettant d’agir à la manière de Dieu. 

C’est ce qu’affirme le père de l’église Grégoire de Nysse, pour qui l’homme miséricordieux participe à la nature divine. 

Je cite Grégoire de Nysse : « Si le nom de « miséricordieux » convient à Dieu, à quoi te convie la béatitude, sinon à devenir Dieu ? [...] En effet, si l'Écriture appelle Dieu le « miséricordieux » et si la véritable béatitude est Dieu lui-même, il est évident qu'un homme qui se fait miséricordieux devient Dieu » (cf. Grégoire de Nysse, Homélies sur les Béatitudes 5,2). ]]

Pour Jésus… la compassion et le pardon (que nous synthétisons par le mot « miséricorde ») nous permettent de goûter la voie d’un bonheur partagé avec les autres… car, précisément, pour le Christ… le bonheur est toujours conjugué au pluriel… il ne peut pas être « solitaire » ; il est forcément « solidaire ». 

D’ailleurs, la question est toujours de savoir jusqu’où étendre l’amour et le pardon… de qui accepte-t-on de se faire le prochain… jusqu’où / jusqu’à qui étendre l’ouverture, l’accueil, la fraternité, le partage… 

A l’heure de la mondialisation, nous sommes tous interconnectés… est-ce que « le lointain » ne devrait pas aussi être considéré comme « un prochain » ? 

Sans entrer dans des considérations politiques… vous remarquerez que cette question se pose encore aujourd’hui … Faut-il accueillir indistinctement tous les étrangers qui cherchent asile ou refuge en Europe… jusqu’où étendre notre accueil, notre hospitalité et notre compassion ?… De qui accepte-t-on de se faire le prochain ? 

Inlassablement, l’Evangile nous appelle à étendre notre capacité d’aimer… de façon universelle… au-delà des frontières… et hors de toute considération « utilitariste »… à condition que le respect soit mutuel… et que chacun s’adapte au mode de vie du pays qui l’accueille. 

* Enfin… j’en viens à présent au troisième point évoqué par les textes de ce jour… qui trace la voie d’un bonheur partagé, à travers la notion de reconnaissance et de gratitude… 

Face aux difficultés et aux souffrances que nous côtoyons, il est bon d’éprouver de la compassion et de savoir pardonner… mais face aux joies, aux belles et bonnes choses de la vie… il est bon de savoir les reconnaître et de dire « merci ».

Albert Schweitzer - médecin, pasteur et théologien - a très justement affirmé que « la gratitude est le secret de la vie ». 

C’est d’ailleurs « prouvé scientifiquement » - si j’ose dire !
Des centaines d’études visant à déterminer l’impact neurologique de la pratique de la gratitude, ont montré son caractère bénéfique. Elle constitue un outil très puissant pour faire face à la tyrannie du mental. 

En effet, le mental crée en moyenne 60 000 pensées par jour dont la plupart sont négatives ! Ce phénomène cognitif est connu sous le nom de « biais de négativité ».
Or, la gratitude nous permet d’ignorer, d’apprivoiser, et même de transformer ces pensées envahissantes, en nous ramenant à l’instant présent. 

Il est également établi que pratiquer la gratitude (dans la prière ou la méditation) permettrait de gagner jusqu’à sept années d’espérance de vie. C’est stupéfiant ! Non seulement « dire merci » nous rend heureux… mais, en plus, cela nous permet de vivre plus longtemps en bonne santé. 

Le frère David Steindl-Rast, un moine bénédictin érudit et très âgé, a écrit : « Ce n'est pas le bonheur qui nous remplit de gratitude, c'est la gratitude qui nous remplit de bonheur ». Et c’est vrai ! 
Exprimer de la gratitude change notre regard et notre perception de la vie au quotidien… et permet de développer notre capacité à éprouver « bonheur et joie ». 

Il est vrai que nous sommes tous conditionnés par nos cinq sens, notre histoire, notre éducation, nos habitudes, nos apprentissages… nous sommes programmés pour percevoir certains aspects de la vie plutôt que d’autres…

Selon notre état d’esprit… nos conditionnements, nos routines ou notre état de fatigue… nous percevrons différemment les choses autour de nous. 
Certains cultivent le « positif » - et voient toujours le verre à moitié plein - quand d’autres se laissent facilement atteindre par le « négatif » - et voient toujours le verre à moitié vide. 

Ce n’est pas la réalité qui diffère, mais notre perception du réel.
Chacun perçoit des portions de la même réalité, selon ses propres filtres…

Mais tout cela n’est pas intangible… Cela peut évoluer… et c’est une bonne nouvelle !
Nous avons tous un super-pouvoir qui s’appelle la neuroplasticité du cerveau : c’est la capacité que nous avons de remodeler notre structure cérébrale et nos schémas de pensée, à chaque moment de notre vie. 

C’est à ce niveau-là que la gratitude peut intervenir, comme un outil fabuleux : 
En essayant chaque jour de discerner les choses positives de notre journée….  Par exemple, en pensant à 3 choses positives… à 3 petits bonheur de la journée avant de se coucher… ou en se levant le matin, au moment de méditer…  Bref, en apprenant à pratiquer régulièrement la gratitude… en étant reconnaissant de tout ce que l’on a déjà… on peut discerner, de plus en plus, ce qui est bon dans notre vie… et littéralement transformer notre perception et notre existence.

Albert Einstein a dit : « II n'y a que deux façons de voir la vie : l'une comme si rien n'était un miracle, l'autre comme si tout était miraculeux. » 
La 2ème voie me parait beaucoup plus féconde ! 

Si vous cultivez la gratitude, vous entrez dans ce changement, en prenant conscience des miracles qui sont autour de vous… 
Ainsi, votre appréhension de la réalité évolue…. Et du coup, de nouveaux miracles apparaissent dans votre vie !

C’est peut-être ce que l’auteur de l’épitre aux Collossiens avait compris… lui qui invite ses lecteurs à « vivre dans la reconnaissance » (v.15)….à chanter à Dieu notre gratitude (v.16) et à rendre grâce continuellement (v.17). 

Opter pour un regard positif sur la vie et sur nos expériences… permet de transformer tout ce que nous vivons en quelque chose d’exceptionnel… 
Et le positif attire le positif… Cela change non seulement nos perceptions, mais ce qui nous arrive… car « entrer dans la reconnaissance » produit de la paix et de la joie. 

[[ Bien souvent, dans la précipitation de nos vies, dans notre course quotidienne… nous oublions de prendre le temps de la gratitude… Mais nous pouvons changer les choses… et prendre quelques minutes chaque matin ou chaque soir… au moment de se lever ou de se coucher… pour remercier la vie et Dieu… pour ce qui est bon… pour ce qui nous réjouit… ou pour ce que nous avons réussi à traverser et qui nous a fait grandir.

Personnellement, je suis persuadé qu’un état de reconnaissance quotidien attire du positif dans notre vie… par attraction… 
Car plus vous êtes dans un état de gratitude, plus vous attirez des choses pour lesquelles vous serez reconnaissant… 

La gratitude nous fait prendre conscience des grâces qui nous sont accordées, des chances que nous avons. Elle nous fait voir la vie comme un cadeau… et nous permet de discerner les moments merveilleux, les belles personnes ou les belles rencontres qui se manifestent dans notre existence.

Chaque jour… la vie nous offre de petites occasions d’être reconnaissants à Dieu, pour ses multiples bienfaits et pour les belles choses - la beauté de la Création - qui nous entourent… 
Savoir les observer, les contempler, et dire « merci », cultive notre capacité à vivre heureux…

La beauté se révèle dans les paysages que nous contemplons, dans les œuvres d’art qui nous émeuvent, dans les âmes des personnes que nous rencontrons. 
C’est une qualité intérieure… une lumière qui brille dans les yeux de celles et ceux qui vivent dans la bienveillance… ou qui manifestent un sourire accueillant, une main fraternelle, un silence apaisant. 
La beauté réside dans la douceur, la gentillesse, la compassion et la générosité. 
Elle nous inspire à créer, à nous connecter aux autres, à donner, à partager et à participer positivement au monde qui nous environne. ]]

* Voilà donc… chers amis… le chemin de bonheur que trace pour nous le Christ avec ces 3 mots de l’évangile, qui peuvent transformer notre vie : compassion, pardon et gratitude… 

Le Christ nous offre sa confiance pour nous permettre de vivre tout cela au quotidien… non seulement il nous donne courage et confiance, mais il nous offre aussi son Esprit saint, pour nous stimuler et nous inviter à cultiver ces belles valeurs évangéliques !  Qu’il en soit ainsi !  

Amen. 

Lectures durant le culte 

Volonté de Dieu
1 Th 5, 14-21
14Nous vous y exhortons, frères : reprenez ceux qui vivent de manière désordonnée, donnez du courage à ceux qui en ont peu ; soutenez les faibles, soyez patients envers tous. 15Prenez garde que personne ne rende le mal pour le mal, mais recherchez toujours le bien entre vous et à l'égard de tous.
16Soyez toujours dans la joie, 17priez sans cesse, 18rendez grâce en toute circonstance, car c'est la volonté de Dieu à votre égard dans le Christ Jésus.
19N'éteignez pas l'Esprit, 20ne méprisez pas les paroles des prophètes ; 21examinez tout avec discernement : retenez ce qui est bon […]
 

Lectures bibliques 

Colossiens 3, 12-17
12Puisque vous êtes élus (choisis), sanctifiés, aimés par Dieu, revêtez donc des sentiments de compassion, de bienveillance, d'humilité, de douceur, de patience. 13Supportez-vous les uns les autres, et si l'un a un grief contre l'autre, pardonnez-vous mutuellement ; comme le Seigneur vous a pardonné, faites de même, vous aussi. 14Et par-dessus tout, revêtez l'amour : c'est le lien parfait. 15Que règne en vos cœurs la paix du Christ, à laquelle vous avez été appelés tous en un seul corps. Vivez dans la reconnaissance.
16Que la Parole du Christ habite parmi vous dans toute sa richesse : instruisez-vous et avertissez-vous les uns les autres avec pleine sagesse ; chantez à Dieu, dans vos cœurs, votre reconnaissance, par des psaumes, des hymnes et des chants inspirés par l'Esprit. 17Tout ce que vous pouvez dire ou faire, faites-le au nom du Seigneur Jésus, en rendant grâce par lui à Dieu le Père.

Mt 5,7
Heureux ceux qui sont compatissants (les miséricordieux), car ils obtiendront compassion (il leur sera fait miséricorde) !

Lc 6, 36-38
36Soyez compatissants (généreux) comme votre Père est compatissant (généreux).
37Ne vous posez pas en juges et vous ne serez pas jugés, ne condamnez pas et vous ne serez pas condamnés, acquittez et vous serez acquittés. 38Donnez et on vous donnera ; c'est une bonne mesure, tassée, secouée, débordante qu'on vous versera dans le pan de votre vêtement, car c'est la mesure dont vous vous servez qui servira aussi de mesure pour vous. »

Lc 10, 25-37

25Et voici qu'un légiste se leva et lui dit, pour le mettre à l'épreuve : « Maître, que dois-je faire pour recevoir en partage la vie éternelle ? » 26Jésus lui dit : « Dans la Loi qu'est-il écrit ? Comment lis-tu ? » 27Il lui répondit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de toute ta pensée, et ton prochain comme toi-même. » 28Jésus lui dit : « Tu as bien répondu. Fais cela et tu auras la vie. »
29Mais lui, voulant montrer sa justice, dit à Jésus : « Et qui est mon prochain ? » 30Jésus reprit : « Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho, il tomba sur des bandits qui, l'ayant dépouillé et roué de coups, s'en allèrent, le laissant à moitié mort. 31Il se trouva qu'un prêtre descendait par ce chemin ; il vit l'homme et passa à bonne distance. 32Un lévite de même arriva en ce lieu ; il vit l'homme et passa à bonne distance. 33Mais un Samaritain qui était en voyage arriva près de l'homme : il le vit et fut pris de pitié (fut ému aux entrailles / saisi de compassion). 34Il s'approcha, banda ses plaies en y versant de l'huile et du vin, le chargea sur sa propre monture, le conduisit à une auberge et prit soin de lui. 35Le lendemain, tirant deux pièces d'argent, il les donna à l'aubergiste et lui dit : “Prends soin de lui, et si tu dépenses quelque chose de plus, c'est moi qui te le rembourserai quand je repasserai.” 36Lequel des trois, à ton avis, s'est montré le prochain de l'homme qui était tombé sur les bandits ? » 37Le légiste répondit : « C'est celui qui a fait preuve de bonté envers lui. » Jésus lui dit : « Va et, toi aussi, fais de même. »

dimanche 27 avril 2025

La résurrection : la Bible, les EMI et les VSCD

Lectures bibliques : 1 Co 15, 1-8. 35-50 ; 2 Co 4,16 - 5,4 ; Lc 24, 13-16. 25-35 = voir textes en bas de cette page
Thématique : la résurrection spirituelle et la continuité de la conscience après la mort
Prédication de Pascal LEFEBVRE / Bordeaux, le 27/04/25 (temple du Hâ)


En ce temps pascal, alors que nous sommes encore portés par l’élan de la résurrection du Christ, nous célébrons non seulement la victoire de la vie sur la mort, mais aussi l’espérance d’une vie éternelle, capable de transformer notre existence présente.

Mais comment faire résonner l’événement de Pâques - annoncé il y a 2000 ans - avec notre monde d’aujourd’hui ? Comment relier les témoignages bibliques aux questions que nous nous posons sur l’après-vie, la conscience, la mort ?

Cette semaine, j’ai eu l’occasion de lire un ouvrage passionnant, écrit par un scientifique (un psychiatre), le docteur Christophe Fauré, intitulé : Cette vie… et au-delà (éd. Albin Michel). Il y mène une enquête sur la possibilité d’une continuité de la conscience après la mort. Et ce qu’il évoque rejoint étonnamment certains passages bibliques que nous connaissons bien.

Commençons par rappeler quelques données bibliques …

    1.    Quels enseignements peut-on tirer des récits bibliques ?

Nous le savons : l’espérance chrétienne pointe vers la Vie éternelle.
La résurrection de Jésus, qui apparait à ses disciples, peu de temps après sa mort sur la Croix, valide auprès d’eux le fait que mort n’est pas une fin définitive… qu’une suite nous est promise…

Pour autant, bien des questions se posent… notamment au sujet du corps ressuscité : sous quelle forme la vie se poursuivra-t-elle ?

* C’est ce qui est en discussion dans la première épitre de Paul aux Corinthiens : à l’image du grain de blé, qui tombe en terre et qui disparait, pour donner une plante… ainsi en est-il pour l’être humain : « quelque chose » meurt… et « quelque chose » d’autre ressuscite. Il y a, à la fois, continuité et discontinuité.

Pour parler de cela, Paul utilise un oxymore puissant (en alliant deux termes contradictoires) à travers le concept de « corps spirituel » (corps animé par l’esprit) qu’il distingue du « corps animal » ou « corps psychique » (corps animé par la psyché).

La continuité est exprimée à travers le mot « corps » qui indique que c’est l’être unique, la personne qui ressuscite, avec son individualité et sa personnalité.
La discontinuité est soulignée à travers le contraste entre les qualificatifs : « psychique » / et « spirituel », afin de révéler que le nouveau « corps » du ressuscité n’est plus charnel, animal, corruptible, terrestre… mais qu’il devient désormais spirituel, glorieux, incorruptible, céleste.

L’apôtre pose clairement les choses, en affirmant que la résurrection est d’ordre spirituel, car « la chair et le sang ne peuvent hériter du Royaume de Dieu » (v.50).

Autrement dit, la résurrection est, en quelque sorte, une « transformation » (cf. 1 Co 15, 51-52), une transfiguration de l’être, qui perd son caractère biologique et mortel, pour revêtir une dimension glorieuse. C’est une libération de la condition terrestre et mortelle. A l’image du Christ, l’être ressuscité - dans son identité propre - sera libéré de la corruptibilité et revêtira l’immortalité.

* Dans la deuxième lettre aux Corinthiens, Paul va dans le même sens : il établit un constate entre notre « demeure terrestre », notre corps charnel, qui n’est qu’une « tente », une enveloppe périssable… et de la « demeure éternelle » - « l’habitation céleste » - qui nous attend ailleurs - « dans les cieux » - après la mort… et qui, seule, est durable.

Il en déduit que ce qui se voit, ce qui est extérieur est appelé à disparaitre, tandis que ce que nous cultivons intérieurement - notre être relationnel et spirituel - est appelé à l’éternité.
Il nous appelle ainsi à dépasser les apparences provisoires… pour nous concentrer sur notre être intérieur… en vue de notre demeure véritable, qui sera céleste.

* Enfin, nous avons entendu un extrait du chapitre 24 de l’évangile de Luc, avec le magnifique épisode de la rencontre des pèlerins d’Emmaüs avec le Ressuscité.

Celui-ci fait route avec les disciples, sans qu’ils le reconnaissent. Il parle avec eux, éveille leur conscience. Il leur fait découvrir le sens des écritures et va même jusqu’à prononcer la bénédiction au moment de partager le pain. Mais, c’est à ce moment-là - lorsque leurs yeux s’ouvrent et qu’ils le reconnaissent - que le Ressuscité disparait et devient invisible.

Rien n’est dit explicitement sur le corps du Ressuscité, si ce n’est qu’il n’est pas comme avant, puisque les disciples ne le reconnaissent pas immédiatement, et qu’il a la faculté d’apparaître et de disparaitre… de se rendre visible ou invisible.

Ce qui est mis en avant dans ce récit, c’est surtout le « coeur brulant » des disciples (cf. Lc 24,32), qui grâce à cette apparition s’ouvrent au sens des Ecritures… et comprennent que la vie véritable est bien plus que la vie physique, biologique… puisqu’ils viennent de faire l’expérience de la vie spirituelle, grâce à leur contact avec le Ressuscité… dont la présence est désormais insaisissable mais bien réelle.

Ainsi, les disciples reçoivent l’énergie de continuer leur route et de prendre la suite du Christ, grâce à cette expérience spirituelle.

Je passe un peu rapidement sur ces textes aujourd’hui, pour nous permettre d’aborder maintenant un autre perspective… et tenter de voir quels échos peuvent se faire avec ces différents récits…

    2.    Quels enseignements peut-on tirer des expériences d’EMI et VSCD ?

Connaissez-vous des récits d’EMI ou de VSCD ?

Les acronymes EMI (Expérience de mort éminente) ou NDE (Near-Death expérience) traduisent des phénomènes autour de la mort… des expériences qui surviennent généralement lors d’une perte de connaissance consécutive à une mise en danger - souvent vitale - à cause d’un accident grave, d’un traumatisme, d’un arrêt cardiovasculaire, d’une intervention chirurgicale, etc.

Les personnes qui vivent ces expériences peuvent connaitre une mort clinique durant quelques minutes (parfois plus de 10 minutes). Puis elles sont réanimées et reviennent à la vie.
Cela concerne des centaines de milliers de personnes dans le monde (et non quelques personnes isolées)… Ces phénomènes sont maintenant bien documentés et étudiés scientifiquement, depuis plusieurs décennies, notamment dans les pays anglo-saxons.

Voici le « portait-type » de ces récits, sachant que toutes les étapes ne sont pas forcément vécues par chacun :

« Suite à un accident, une intervention chirurgicale ou autre... [le coeur de la personne s’arrête]… Elle se sent emportée à grande vitesse dans ce qui est décrit comme un long "tunnel".
Elle comprend soudain qu'elle est hors de son corps physique, tout en restant dans son environnement immédiat.
Elle aperçoit son corps à distance, souvent de haut, à quelques mètres en dessous d'elle, en simple spectateur.
Elle n'en ressent aucune crainte. Elle se sent tranquille, apaisée, alors même qu'elle voit les médecins (ou d'autres personnes) s'affairer en urgence autour de son corps inconscient.
Elle perçoit alors d'autres êtres avancer à sa rencontre. Ils lui apparaissent comme bienveillants, avec le souci de la guider ou de l'aider à comprendre ce qui se passe pour elle.
La personne reconnaît des proches - parents et amis - décédés (certains depuis très longtemps), ainsi que d'autres êtres qu'elle ne connaît pas, mais qui lui manifestent la même attention.
Puis, une entité spirituelle se présente à elle : elle est décrite comme un "être de lumière" [une figure angélique ou divine], irradiant d'un amour incommensurable qui l'enveloppe totalement. Elle communique avec cette entité [lumineuse] par la pensée, sans l'usage de la parole.
Cet être fait alors surgir en elle une interrogation : "Montre-moi ta vie" ou "Qu'as-tu fait de ta vie?". Se déploie alors un "panorama de vie" instantané de tous les événements qui ont marqué son existence. Ils lui apparaissent dans leurs moindres détails : c'est ce qu'on appelle la "revue de vie". La personne comprend très clairement qu'il lui est demandé de faire, par elle-même, sans jugement extérieur, une sorte de "bilan" sur ce qu'elle a vécu jusque-là.
Puis survient un moment où la personne rencontre une sorte de barrière, ou de frontière, symbolisant l'ultime limite entre sa vie terrestre et la vie à venir. Un choix lui est donné (mais pas toujours) : elle comprend qu'au-delà de cette limite, elle ne reviendra pas sur terre. Si elle décide de ne pas aller au-delà de cette ligne de démarcation, elle est très souvent ramenée brusquement dans son corps physique, sans transition. Parfois, aucun choix ne lui est donné et la "réincorporation" est immédiate. Le retour dans le corps est parfois douloureux, physiquement et psychologiquement.
Lorsque cette personne tente, par la suite, de faire part à son entourage ou aux soignants de son expérience, elle se heurte souvent à leur incompréhension ou à leur incrédulité. Il lui est également difficile de partager son expérience tant les mots pour la décrire lui semblent inadéquats ou trop pauvres pour rendre compte de la dimension extraordinaire, supraterrestre de ce qu'elle a vécu. Face à ces obstacles, certaines personnes renoncent à se confier.
Dans les mois ou les années qui suivent l'EMI, quand celle-ci a été harmonieusement "intégrée" par la personne, de nombreux changements tant psychologiques, relationnels que spirituels surviennent de façon durable dans sa vie. Elle s'en trouve transformée à tout jamais. » (cf. R Moody, La Vie après la vie. Ils sont revenus de l’au-delà. J’ai lu, 2017)

Les EMI ne sont pas les seules phénomènes autour de la mort, il existe aussi les VSCD : vécu subjectif de contact avec un défunt… qui témoignent de manifestations de personnes décédées.

Voici la définition qu’en donne la recherche, et notamment Evelyn Elsaesser :

« Un vécu subjectif de contact avec un défunt est une expérience, fortuite et inattendue, de perception d’un défunt par une personne souvent en deuil (mais pas uniquement).
Cette expérience est spontanée (c'est-à-dire ni initiée ni sollicitée par la personne qui en fait l'expérience) et directe (c'est-à-dire sans l'intermédiaire d'un médium ou de tout autre procédé de communication).
Le VSCD est très bref : de quelques secondes à quelques minutes. Il peut prendre différentes formes : la sensation subjective, auprès de soi, de la présence de la personne disparue ; la perception visuelle, auditive, olfactive ou tactile de cette personne ; la perception de "signes" à valeur symbolique forte pour la personne en deuil, etc.
Les VSCD surviennent de manière inespérée et non sollicitée et sont compris par les personnes qui en font l'expérience comme le signe de la survie de la conscience de leur proche disparu. »

Ici encore, il ne s’agit pas de quelques cas isolés. Il faut savoir qu’à l’issue d’enquêtes statistiques, des chercheurs ont découvert que des millions de personnes ont fait l’expérience d’un tel vécu. Les scientifiques considèrent qu’il s’agit là d’une des expériences spirituelles les plus fréquentes au monde.

Les témoignages des personnes qui ont vécu ces expériences pointent des caractéristiques communes : le proche disparu semble vouloir transmettre un message d’amour, de paix, de quiétude, de réassurance sur le fait qu’il va bien… puisqu’il se manifeste paisiblement depuis une autre dimension.

Le plus troublant, c’est qu’il existe aussi des témoignage de VSCD partagés… même s’ils sont beaucoup plus rares.
Il arrive, en effet, que des membres d’une même famille voient, en même temps, un proche qui vient juste de mourir, ou que plusieurs personnes assistent en même temps à un phénomène inexplicable.

Voici un exemple - très bref - cité par le Docteur Christophe Fauré :
« Deux adultes, cinq enfants et un chien se trouvent dans une pièce. Soudain, le chien se met à aboyer en direction d'un coin de la pièce. Les sept personnes le suivent des yeux et perçoivent un jeune garçon qui ressemble au fils d'un ami de la famille qui vient souvent jouer dans cette maison.
Cette apparition semble flotter au-dessus du sol, puis elle disparaît progressivement, alors que le chien continue à aboyer. L'épisode a duré environ quinze secondes. Plus tard dans la soirée, ces gens apprennent que le garçon en question est décédé approximativement au moment même où ils ont vu cette « apparition ». »


Nous n’avons pas le temps ce matin - dans le cadre de cette méditation - de discuter des arguments scientifiques, qui prouvent la réalité et le sérieux de ces expériences… je vous invite à lire l’ouvrage que j’ai pu parcourir cette semaine, si le sujet vous intrigue… mais ce qui nous intéresse, c’est de voir quels enseignements les personnes qui vivent ces expériences en tirent…

D’abord, ces expériences - qu’ils s’agissent d’EMI, au moment de la mort, ou de contacts avec des personnes décédées (VSCD) - montrent une continuité de la conscience après la mort.

Les EMI révèlent sans doute les premières étapes du chemin de la conscience dans l’après-vie… au moment de la mort.
Le cœur biologique cesse de fonctionner, mais l’esprit de la personne - sa conscience - reste éveillée et découvre un nouveau plan de la réalité, en se désolidarisant du corps physique.

De leur côté, les VSCD décrivent ce qui se passent après la mort. Ils montrent que la conscience des personnes décédées continue d’exister ailleurs et autrement, dans d’autres dimensions, en dehors du corps physique et après la mort de celui-ci.
Ces personnes ont parfois la capacité de communiquer brièvement avec des vivants.
Ces manifestations attestent qu’il sera possible de retrouver plus tard celles et ceux avec qui nous avons partagé un lien particulier.

Bien sûr… ces expériences sont perturbantes pour notre rationalité, car elles invalident les affirmations strictement matérialistes de la science… selon lesquelles la conscience serait produite par le cerveau et qu’elle serait le résultat d’une activité neuronale.  

En effet, si la conscience peut exister indépendamment du cerveau - quand une personne est cliniquement morte - alors, le postulat selon lequel la conscience est uniquement le produit de l’activité cérébrale doit être totalement remis en cause. Rappelons d’ailleurs que ce postulat n’a jamais été démontré. Puisque personne ne sait comment se crée la conscience.

Bien entendu, les IRM - des instruments médicaux sophistiqués - montrent clairement que des zones du cerveau s’activent dans tel ou tel contexte, en réponse à un geste, une pensée ou une émotion, mais cela ne démontrent pas que les neurones eux-mêmes produisent la conscience, ni la pensée.

On pourrait penser que, dans certaines conditions, la conscience soit reliée au cerveau, à l’activité neuronale, qui capte la conscience comme un récepteur, de la même manière qu’un poste de radio peut capter une fréquence hertzienne - ou qu’un smartphone peut capter un signal wifi - mais aussi, que, dans d’autres conditions, la conscience puisse être détachée du fonctionnement cérébral et s’exprimer autrement.
Les EMI comme les VSCD montrent, en effet, que la conscience peut être séparée du corps physique et délocalisée. Qu’elle peut fonctionner de façon autonome et indépendante. Et qu’elle peut même avoir accès à des dimensions transcendantales, par-delà notre dimension humaine.

Il y a là une convergence remarquable avec les récits bibliques… qu’il s’agisse des lettres de Paul ou des récits d’apparitions… qui attestent d’une suite - pour l’être spirituel - après la mort physique… puisque ces expériences contemporaines montrent que la conscience (qui représente l’essence même de tout être vivant) perdure au-delà de la mort physique… que l’esprit n’est pas contingent au corps.  

La prise au séreux de ces expériences nous invite désormais à rechercher de nouvelles façons de penser « la conscience »… dans la mesure où le cerveau semble capable de la manifester… sans devoir la créer.

    3.    Quels liens et quelles conséquences peut-on établir entre ces récits bibliques et ces expériences (EMI, VSCD) ? 

Les conséquences ouvertes par ces expériences nombreuses sont vertigineuses… dans la mesure où elles valident le bien fondé des récits bibliques sur la résurrection… comme passage d’une vie biologique à une vie spirituelle… et l’existence d’autres dimensions, au-delà de la dimension physique terrestre.

Reste à savoir si la conscience… qui survit au corps biologique, dans un autre plan de la réalité… et qui va poursuivre sa route, en lien avec d’autres consciences individualisées….  commence à exister avec la naissance du corps biologique, ou si elle existait déjà avant la naissance.
Ce qui nous conduirait à repenser la notion « d’incarnation » - l’entrée de l’esprit dans la chair - non comme un mystère réservé au Christ, mais comme une réalité touchant chaque être humain, dès l’entrée dans la vie biologique. 

Une autre conséquence de ces expériences nous amène également à repenser l’interconnexion existante entre tous les êtres vivants :
En tant que « conscience individualisée » (promise à une vie éternelle), il est possible que nous soyons tous intégrés à un champ de conscience plus vaste que notre seule conscience individuelle. Et que ce que nous appelons « Dieu » soit, en réalité, « la Conscience universelle » à laquelle chaque conscience est rattachée.

Vous l’avez compris… les expériences spirituelles… qu’il s’agissent de celles relatées dans la Bible… ou celles vécues récemment… ouvrent de nombreuses questions.

L’intérêt de mettre en perspective les expériences d’EMI et de VSCD… avec certains textes bibliques du Nouveau Testament… c’est de voir qu’ils se rejoignent sur bien des aspects… 

Ensemble, ils donnent à la mort un caractère beaucoup moins tragique et définitif que nous l’imaginons parfois.
Certes, la mort est une épreuve : elle nous coupe des relations physiques, émotionnelles et quotidiennes que nous entretenons avec nos proches…  cette séparation physique de la personne aimée, nous affecte, nous bouleverse et nous fait souffrir… car nous vivons avant tout avec l’aide de nos sens… et nous ne pouvons plus voir, entendre, toucher ni embrasser ceux qui ont perdu leur corps biologique… En même temps, ces expériences spirituelles (que leurs récits soient bibliques ou contemporains) nous permettent de voir les choses autrement…

La mort semble n’être plus qu’un passage… une « pâque »… le passage d’un état de conscience à un autre… d’un plan physique terrestre à une réalité spirituelle lumineuse… 

Tous ces témoignages nous donnent donc une formidable espérance : nos proches disparus ne sont pas mort à tout jamais ! (Cf. Jn 11, 25-26)
Ils continuent à exister autrement « quelque part ».
Nous pourrons sans doute les retrouver un jour dans cet au-delà… où tout sera plus lumineux et plus paisible.

Ecoutons encore ce bref témoignage d’une personne qui a perdu son fils… qui a vécu un contact inattendu avec son enfant décédé… et qui y voit la promesse d’un lien préservé :
« Après mon VSCD, j’ai acquis la certitude absolue que je retrouverai mon fils quand je mourrai à mon tour. Même si c’est épouvantable de vivre sans lui, cette idée me fait du bien et m’aide à avancer. Notre lien n’a pas disparu avec sa mort. »

    4.    Conclusion 

Pour conclure… il faut faire le constat positif que les personnes qui ont vécu une EMI (une expérience de mort éminente) changent souvent bien des choses dans leur vie, après cette expérience… comme les disciples ont dû également revoir leurs priorités et leurs missions de vie, après leur rencontre bouleversante avec le Christ ressuscité :

    ⁃    D’abord, la peur de la mort s’estompe complètement ou disparait… ainsi que l’identification du « soi » au corps (Nous avons un corps / nous ne sommes pas un corps).
    ⁃    Ces personnes recherchent désormais un éveil spirituel, et relativisent tous les soucis matériels et les tracas du quotidien
    ⁃    Il en résulte aussi une plus grande sérénité, une plus grande joie de vivre, une capacité à vivre plus intensément dans le présent… en étant dans la gratitude et la reconnaissance
    ⁃    La notion de « mission de vie » apparait primordiale… car il est important de réfléchir à notre direction et nos buts dans cette vie terrestre… et de mettre à profit le temps qui nous est donné de vivre…
    ⁃    La qualité des relations humaines et l’amour deviennent des priorités absolues. Car si les personnes affirment s’être senties aimées de façon inconditionnelle au cours de leur expérience spirituelle et leur rencontre avec un « être de lumière », elles vont désormais chercher à développer leur capacité d’amour, d’empathie et de compassion.
    ⁃    Certaines personnes, enfin, reviennent d’une expérience spirituelle ou d’une EMI avec des perceptions extrasensorielles renforcées (davantage de ressentis, de compassion ou de discernement, des dons de télépathie, des capacités de guérison, etc.)

Bien sûr, ces expériences ne remplacent pas la foi. Mais, elles enrichissent et renforcent notre espérance chrétienne.

Quelle que soit notre situation… que nous ayons vécue une expérience spirituelle… que nous ayons entendu des récits d’EMI… que nous ayons médité des témoignages bibliques… nous recevons un nouvel élan, grâce à l’espérance de la résurrection…  nous pouvons être animés par une confiance nouvelle… pour avancer dans la vie…

C’est le message de Pâques qui résonne en nous :
L’amour est plus fort que la mort !
Rien ne peut nous séparer de l’amour de Dieu !


Gardons en mémoire ces paroles puissantes du Christ :
« Je suis la résurrection et la vie. Celui qui met sa foi en moi, même s'il meurt, vivra ; et quiconque vit et met sa foi en moi ne mourra jamais. »  … et toi « Crois-tu cela ? » (cf. Jn 11, 25-26).

Amen !

Lectures bibliques


1 Co 15, 1-8. 35-50


1 Je vous rappelle, frères, l'Evangile que je vous ai annoncé, que vous avez reçu, auquel vous restez attachés, 2 et par lequel vous serez sauvés si vous le retenez tel que je vous l'ai annoncé ; autrement, vous auriez cru en vain. 3 Je vous ai transmis en premier lieu ce que j'avais reçu moi-même : Christ est mort pour nos péchés, selon les Ecritures. 4 Il a été enseveli, il est ressuscité le troisième jour, selon les Ecritures. 5 Il est apparu à Céphas, puis aux Douze.
6 Ensuite, il est apparu à plus de cinq cents frères à la fois ; la plupart sont encore vivants et quelques-uns sont morts. 7 Ensuite, il est apparu à Jacques, puis à tous les apôtres. 8 En tout dernier lieu, il m'est aussi apparu, à moi l'avorton. […]

35 Mais, dira-t-on, comment les morts ressuscitent-ils ? Avec quel corps reviennent-ils ? 36 Insensé ! Toi, ce que tu sèmes ne prend vie qu'à condition de mourir.
37 Et ce que tu sèmes n'est pas la plante qui doit naître, mais un grain nu, de blé ou d'autre chose. 38 Puis Dieu lui donne corps, comme il le veut et à chaque semence de façon particulière. 39 Aucune chair n'est identique à une autre : il y a une différence entre celle des hommes, des bêtes, des oiseaux, des poissons. 40 Il y a des corps célestes et des corps terrestres, et ils n'ont pas le même éclat ; 41 autre est l'éclat du soleil, autre celui de la lune, autre celui des étoiles ; une étoile même diffère en éclat d'une autre étoile.

42 Il en est ainsi pour la résurrection des morts : semé corruptible, on ressuscite incorruptible ; 43 semé méprisable, on ressuscite dans la gloire ; semé dans la faiblesse, on ressuscite plein de force ; 44 semé corps animal (corps psychique), on ressuscite corps spirituel. S'il y a un corps animal (psychique), il y a aussi un corps spirituel. 45 C'est ainsi qu'il est écrit : le premier homme Adam fut un être animal doué de vie, le dernier Adam est un être spirituel donnant la vie. 46 Mais ce qui est premier, c'est l'être animal, ce n'est pas l'être spirituel ; il vient ensuite. 47 Le premier homme tiré de la terre est terrestre. Le second homme, lui, vient du ciel. 48 Tel a été l'homme terrestre, tels sont aussi les terrestres, et tel est l'homme céleste, tels seront les célestes.
49 Et de même que nous avons été à l'image de l'homme terrestre, nous serons aussi à l'image de l'homme céleste. 50 Voici ce que j'affirme, frères : la chair et le sang ne peuvent hériter du Royaume de Dieu, ni la corruption hériter de l’incorruptibilité.


2 Co 4,16 - 5,4

16 C'est pourquoi nous ne perdons pas courage et même si, en nous, l'homme extérieur va vers sa ruine, l'homme intérieur se renouvelle de jour en jour. 17 Car nos détresses d'un moment sont légères par rapport au poids extraordinaire de gloire éternelle qu'elles nous préparent. 18 Notre objectif n'est pas ce qui se voit, mais ce qui ne se voit pas ; ce qui se voit est provisoire, mais ce qui ne se voit pas est éternel.
1 Car nous le savons, si notre demeure terrestre, qui n'est qu'une tente, se détruit, nous avons un édifice, œuvre de Dieu, une demeure éternelle dans les cieux, qui n'est pas faite de main d'homme. 2 Et nous gémissons, dans le désir ardent de revêtir, par-dessus l'autre, notre habitation céleste, 3 pourvu que nous soyons trouvés vêtus et non pas nus. 4 Car nous qui sommes dans cette tente, nous gémissons, accablés ; c'est un fait : nous ne voulons pas nous dévêtir, mais revêtir un vêtement sur l'autre afin que ce qui est mortel soit englouti par la vie.

Lc 24, 13-16. 25-35

13 Et voici que, ce même jour, deux d'entre eux se rendaient à un village du nom d'Emmaüs, à deux heures de marche de Jérusalem. 14 Ils parlaient entre eux de tous ces événements. 15 Or, comme ils parlaient et discutaient ensemble, Jésus lui-même les rejoignit et fit route avec eux ; 16 mais leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître. […]

25 Et lui leur dit : « Esprits sans intelligence, cœurs lents à croire tout ce qu'ont déclaré les prophètes ! 26 Ne fallait-il pas que le Christ souffrît cela et qu'il entrât dans sa gloire ? » 27 Et, commençant par Moïse et par tous les prophètes, il leur expliqua dans toutes les Ecritures ce qui le concernait.
28 Ils approchèrent du village où ils se rendaient, et lui fit mine d'aller plus loin. 29 Ils le pressèrent en disant : « Reste avec nous car le soir vient et la journée déjà est avancée. » Et il entra pour rester avec eux. 30 Or, quand il se fut mis à table avec eux, il prit le pain, prononça la bénédiction, le rompit et le leur donna. 31 Alors leurs yeux furent ouverts et ils le reconnurent, puis il leur devint invisible. 32 Et ils se dirent l'un à l'autre : « Notre cœur ne brûlait-il pas en nous tandis qu'il nous parlait en chemin et nous ouvrait les Ecritures ? »
33 A l'instant même, ils partirent et retournèrent à Jérusalem ; ils trouvèrent réunis les Onze et leurs compagnons, 34 qui leur dirent : « C'est bien vrai ! Le Seigneur est ressuscité, et il est apparu à Simon. »
35 Et eux racontèrent ce qui s'était passé sur la route et comment ils l'avaient reconnu à la fraction du pain.

 

dimanche 20 avril 2025

Pâques : une vie transformée, ici et maintenant

 Lectures bibliques : Jean 20, 19-23 ; Actes 22, 6-11 ; 1 Pierre 1, 3-4 ; Romains 6, 3-7.11 ; Galates 2, 19-20 ; Jean 5, 24 = voir textes bibliques en bas de cette page.
Thématique : Pâques : une vie transformée, ici et maintenant
Prédication de Pascal LEFEBVRE / Bordeaux, le 20/04/2025 - culte de Pâques


Pâques : des expériences spirituelles inouïes

Les évangiles nous rapportent l’évènement de Pâques, à travers des récits d’apparitions.
Le mystère de la Résurrection, en lui-même, n’est jamais décrit. Nous ne savons pas exactement comment les choses se sont passées - et nous ne le saurons sans doute jamais.

Ce qui est mis en avant dans les récits pascals, ce sont les réactions des témoins du Ressuscité… des témoignages d’expériences spirituelles extraordinaires… marquées par l’inattendu, la surprise, et des bouleversements existentiels.

Jésus est mort sur la croix… Mais, contre toute attente, il est apparait « vivant » - peu de temps après - dans une pièce fermée à clef…  « vivant » dans un autre plan de Réalité… Puis il disparaît… pour réapparaître à d’autres moments, ailleurs, auprès d’autres personnes.

Ces évènements inimaginables ont profondément transformé la vie des disciples :

Alors qu’ils vivaient dans la peur, le doute et la déception… eux qui avaient tout misé sur Jésus… voyant en lui le Messie, envoyé par Dieu…. Alors que tout semblait perdu, après son arrestation et sa crucifixion… une expérience spirituelle se produit… Ils se retrouvent soudain face à une présence, une parole, un souffle… qui change tout.
Et voilà que leur désespoir se mue en espérance nouvelle.

Un tournant décisif

Pâques marque un tournant décisif dans la vie des proches de Jésus : alors qu’ils sont brisés et désorientés… ils passent de la peur à la paix (cf. Jn 20.19-21)… du doute à la foi (cf. Thomas : Jn 20, 24-29)… du découragement à la mission…

Et c’est la même chose pour l’apôtre Paul (Saul de Tarse), même si ça se passe bien plus tard… des années après… et même si Paul n’avait jamais rencontré le Jésus terrestre.

Lui aussi, vit une expérience spirituelle inouïe sur le chemin de Damas (cf. Actes 9, 1-19; 22, 4-16; 26, 9-18) … l’Évangéliste Luc en parle comme d’une rencontre inattendue, éblouissante, bouleversante : une lumière éclatante surgit, et l’apôtre prend conscience qu’il est en présence du Christ glorifié.
Cette rencontre va entièrement retourner sa vie, renverser ses certitudes et réorienter son cœur.

Aujourd’hui encore…

Deux mille ans plus tard, il faut reconnaître que nous n’avons pas accès directement à l’évènement de Pâques, si ce n’est qu’à travers ces témoignages.
Ce qui a été conservé, transmis, médité… ce sont des récits d’expériences spirituelles, des témoignages… et surtout les conséquences de ces rencontres : la foi qui en découle… les changements de vie qui en résultent.

À travers les textes du Nouveau Testament, on constate que l’évènement de Pâques apporte quelque chose de vraiment nouveau dans la vie des disciples :
    ⁃    Une espérance vivante (cf. 1 Pierre 1,3).
    ⁃    Un sens renouvelé à leur existence : la mission commence là, après cette expérience spirituelle.
    ⁃    Une force nouvelle leur est offerte : celle de l’Esprit saint (Jn 20, 22 ; Lc 24,49 ; Ac 1,8).
    ⁃    Et une communauté va se ressouder et se rassembler autour de cette Bonne Nouvelle : le Christ est vivant !

Et pour nous ?

« Mais qu’est-ce que cela change pour nous, aujourd’hui ? »  Pourriez-vous me demander… C’est une question légitime !

« C’est très beau tout ça….mais savoir que Jésus a été relevé de la mort par Dieu… qu’il est désormais « Vivant » sur un plan spirituel, dans la sphère divine… qu’il est apparu à de nombreux disciples et qu’il les a envoyé en mission, remplis de l’Esprit… qu’est-ce que ça change, concrètement, pour nous ? »

Vous auriez raison de poser cette question… Car, ce qui nous intéresse, ce n’est pas seulement de savoir ce que la résurrection a changé pour les disciples du 1er siècle de notre ère… mais de découvrir ce que Pâques peut encore changer dans nos vies aujourd’hui.


Pâques : une vie transformée, ici et maintenant

 
Je vous propose quelques pistes de réponses, en sept points relativement brefs :

  • 1) Premièrement, Pâques révèle la justice de Dieu

Pour la foi chrétienne, la croix et la résurrection sont indissociables. 

La croix a une fonction révélatrice : elle manifeste l’injustice des hommes… puisque Jésus - innocent et juste - a été crucifié comme un criminel…  Face à ce constat, la résurrection de Jésus opère un retournement : elle manifeste l’action de Dieu, qui surmonte la situation, pour rétablir la justice.

La résurrection atteste d’un Dieu capable de relever et de restaurer la vie de Celui qui a été injustement traité et condamné.
Pâques incarne la victoire éclatante de la justice divine, capable de triompher des injustices humaines.

A tout ceux qui se questionnent parfois sur l’action de Dieu, en se demandant : « Que fait Dieu ? Où est-il, face aux malheurs ou aux épreuves que nous traversons ? »…. l’évènement de Pâques nous révèle qu’il y a une justice divine, au-delà de la liberté humaine… même si cette justice ne se manifeste pas dans l’immédiateté.

L’évènement de Pâques montre que nous pouvons faire confiance à Dieu… qu’aucun être humain n’est livré à l’arbitraire ou à l’absurde, sans que Dieu n’ait la possibilité - dans cette existence ou au delà de cette existence physique - de le relever et de restaurer son être, sa personnalité spirituelle. 

  • 2) Deuxième point : la résurrection atteste du triomphe de l’amour sur la haine

Jésus est mort sur la croix, du fait de la violence et de l’injustice, présentes dans le monde. Mais Dieu n’en reste pas là.
La résurrection manifeste le triomphe de l’amour divin sur les forces de haine et de mort.

Il ne s’agit pas tant d’une victoire sur la mort physique - car Jésus est bel et bien mort crucifié - mais d’une victoire sur la mort spirituelle : « Rien ne peut nous séparer de l’amour de Dieu » ! écrira Paul (Cf. Rm 8, 31-39)

Pâques atteste que l’amour de Dieu a le dernier mot… qu’au bout du compte, son amour est bien plus puissant que toute forme de violence et de rejet. Puisque même la haine incarnée par la crucifixion, ne peut arrêter l’œuvre rédemptrice et transformatrice de Dieu.

Dans un monde où les conflits violents, les divisions et les vengeances sont souvent les seules réponses à l’agression, la trahison et l’injustice… la résurrection nous montre que Dieu a donné raison à Jésus, dans son choix radical pour la non-violence et la confiance.

Il nous faut bien réentendre cette parole dans le monde d’aujourd’hui :
La confiance et la non-violence sont incontournables, sur le chemin du salut tracé par le Christ !

  • 3) Troisième point : Pâques montre que la foi l’emporte sur la peur

Beaucoup de personnes, autour de nous, sont terrorisées par la perspective de la mort… Beaucoup vivent dans l’anxiété ou l’angoisse, face à la maladie, face à une fin de vie potentiellement difficile… ou du fait de l’expérience d’une séparation, d’un deuil, de la perte d’un proche.

Par la croix et la résurrection de Jésus, Dieu vient briser les chaînes de la peur, et donne aux croyants une perspective nouvelle : au-delà de la peur, il nous offre la paix et l’assurance que l’amour et la vie prévaudront.

Pâques nous libère de la peur de la mort (cf Hébreux 2:14-15)… pour nous conduire à la confiance : confiance que la vie ne s’arrête pas à la croix, ni à la tombe…  confiance qu’il y a une lumière au bout du tunnel… qu’une suite nous est promise… que notre « corps spirituel » est appelé à la résurrection, à la vie éternelle (cf. 1 Co 15). 

L’espérance de la résurrection n’est pas une promesse de suppression des épreuves ou des douleurs - Jésus n’a pas pu éviter la croix -…  mais une espérance, au-delà de la souffrance et de la mort… celle de la présence de la lumière de Dieu… qui saura toujours nous accueillir et nous relever.

Pâques nous délivre ainsi un message : « Tu n’as plus à vivre dans la peur. Jésus a triomphé de la mort. Il a triomphé de tout ce qui tente de nous écraser. Même lorsque le mal ou la mort se manifestent, soit assuré que Dieu aura toujours le dernier mot de la Vie ! »

  • 4) Quatrième point : la résurrection peut aussi être envisagée comme un acte de libération spirituelle pour l’humanité

La résurrection atteste que la foi de Jésus et l’amour de Dieu ont été plus forts que le péché humain… plus forts que les forces maléfiques qui ont pu inspirer Judas et les autorités religieuses de son temps… plus forts que la mort.

La résurrection ne relève pas seulement d’une manifestation extraordinaire dans le monde physique… elle atteste d’une libération spirituelle : de la possibilité de libérer l’humanité de la domination du péché et des forces de divisions qui agissent autour de nous ou en nous.

En ressuscitant Jésus, Dieu brise les chaînes du péché et de la mort, offrant à l’humanité une vie nouvelle, mais aussi un chemin vers une véritable liberté spirituelle.

C’est ainsi que l’apôtre Paul comprend le sens du baptême en Christ (cf. Rm 6) - un baptême d’eau et d’Esprit (cf. Jn 3,5) : En plongeant dans l’eau, le baptisé meurt et ressuscite avec le Christ. Il meurt à ce qui réduit son humanité (son égo, son orgueil, son péché), pour renaitre à une vie nouvelle. Désormais, il est libéré du poids du passé et du péché. Il n’est plus le même. Sa vie est en Christ. Elle est unie à Dieu. 

  • 5) C’est le cinquième point : la résurrection provoque une transformation personnelle, un renouvellement intérieur, pour le croyant

La résurrection ne concerne pas seulement un événement historique passé (pour Jésus) ou une espérance future (pour nous), mais elle incarne - pour le présent - la possibilité d’un changement radical dans la vie de chaque croyant.

Par sa résurrection, le Christ inaugure un nouveau commencement, pour ceux qui croient en lui et veulent participer à sa vie : c’est le passage d’une vie marquée par la mort et l’éloignement de Dieu… à une vie marquée par l’amour, la réconciliation et l’espérance.

La résurrection devient ainsi une force active, qui permet de se détacher de ce qui est ancien - du vieil homme (cf. Rm 5-8 ; Ep 4, 22-24) - pour vivre dans l’Esprit du Christ et manifester les fruits de l’Esprit dans notre vie quotidienne (cf. Ga 5).

Pâques ouvre un processus spirituel continuel de transformation, où le croyant vit une résurrection progressive, en communion avec le Christ ressuscité.

Autrement dit… la foi produit une conversion… une transfiguration de notre être…

C’est ce qui fait dire à Paul ces paroles magnifiques, dans la 2ème épitre aux Corinthiens et la lettre aux Galates : « Si quelqu'un est en Christ, il est une nouvelle créature. Le monde ancien est passé, voici qu’une réalité nouvelle est là. » (2 Co 5,17)
« Je vis, mais ce n’est plus moi, c’est Christ qui vit en moi » (Ga 2,20).


Il veut dire que, désormais, c’est l’Esprit du Christ qui anime l’existence tout entière… c’est la foi du Christ… sa liberté, son amour, sa paix, son espérance… qui sont vivants en nous.

C’est sur la base de cette vie nouvelle en Christ - une vie fondée sur la confiance et la liberté, inspirée par l’Esprit saint - que les disciples vont pouvoir vivre, témoigner, s’organiser et partir en mission… pour propager la Bonne Nouvelle de la Résurrection, offerte à chacun. 

  • 6) C’est le sixième point, la résurrection devient source de puissance pour la mission chrétienne

En tant que Ressuscité, le Christ envoie ses disciples - et donc son Église - pour poursuivre son œuvre de guérison et de réconciliation dans le monde.

La résurrection est une source de vie nouvelle, de dynamisme et de courage, pour les croyants… Elle leur donne un souffle nouveau et une vocation… Elle les équipe pour la mission et la prédication de l’Évangile.

Dans l’évangile de Jean, le Ressuscité est celui qui communique l’Esprit, pour permettre aux disciples de prendre la suite de Jésus (cf. Jn 20,21-23).

Et chez Matthieu, l’évangile se conclut par ces fameuses paroles du Ressuscité, qui envoie les siens en mission : « Tout pouvoir m'a été donné au ciel et sur la terre. Allez donc : de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, leur apprenant à garder tout ce que je vous ai prescrit. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin des temps. » (cf. Mt 28, 18-20 ; voir aussi Mt 10, 5-10).

Lorsque nous parlons de l’évènement de Pâques… nous parlons de vies transformées… de ce que produit la Résurrection dans la vie des disciples et dans nos vies personnelles : un changement de regard sur Dieu et sur la vie… une libération du passé, du péché et de la peur… l’entrée dans une vie nouvelle, habitée par l’Esprit de confiance et de liberté qui était celui du Christ…

Il s’agit là de Bonnes Nouvelles qu’on ne peut pas garder pour soi… qu’on a forcement envie de transmettre au monde entier !

  • 7) J’en viens au septième et dernier point : la résurrection est une force toujours actuelle, qui transforme les personnes et les situations. Elle ouvre la promesse d’un futur transformé.

Je l’ai déjà dit : lorsqu’on parle de la résurrection, on ne parle pas seulement ni d’un évènement qui est arrivé, par le passé, à Jésus… ni de l’espérance de la vie éternelle, après notre mort… on parle d’une force transformatrice… d’une puissance spirituelle qui agit, ici et maintenant.

Pâques nous invite à expérimenter - dès aujourd’hui - la vie éternelle… cette vie nouvelle en Christ, qui va bien au-delà de notre existence biologique.
Le Christ nous appelle à vivre la résurrection dans notre quotidien, à être des témoins de la lumière divine, dans un monde souvent plongé dans les ténèbres de la peur, de la rivalité et de la souffrance.

La vie éternelle n’est pas simplement un « futur après la mort », c’est une transformation qui commence maintenant… lorsque nous mettons notre foi en Jésus-Christ… lorsque nous adhérons à son message… lorsque nous vivons en relation avec le Dieu d’amour…  Tout cela nous pousse à vivre pour le Royaume de Dieu et sa justice (cf. Mt 6,33).

Cette transformation intérieure active, Jésus en parle dans l’évangile de Jean, en parlant de la vie éternelle au présent - je cite à nouveau ce verset :
« En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui écoute ma parole et croit en celui qui m'a envoyé, a la vie éternelle ; il ne vient pas en jugement, mais il est passé de la mort à la vie. » (cf. Jn 5, 24).

Nous sommes déjà dans la vie éternelle… Notre présent est transformé - il est transformé par la Puissance spirituelle qui a transformé Jésus - et notre futur l’est aussi, en conséquence.

Si Dieu a ressuscité Jésus, il peut aussi métamorphoser nos vies et notre monde. Ce n’est pas une promesse pieuse, c’est un appel à vivre de l’Esprit du Christ… et à être acteurs d’un changement, ici et maintenant. 

Conclusion

 
Vous l’avez compris… chers amis… Pâques n’est pas juste un événement à commémorer… c’est une puissance à expérimenter (cf. Ph 3,10-11).

C’est l’Esprit du Christ qui nous est offert… et c’est une Parole performative qui donne sens à notre existence… en nous redisant ces mots puissants :

« Rien n’est jamais perdu… Rien ne peut te séparer de l’amour de Dieu…
Aïe confiance ! La vie peut toujours se renouveler… cette vie nouvelle et résiliente t’est offerte, ici et maintenant ! …  Laisse l’Esprit du Christ agir en toi ! »  


Oui, chers amis… la résurrection du Christ conduit à notre propre résurrection… Elle transforme notre manière de penser, d’agir, d’aimer et de servir.

Qu’il en soit ainsi ! Amen. 

 

Lectures bibliques 20 avril 2025 - Fête de Pâques - temple du Hâ


Jean 20, 19-23
19Le soir de ce même jour qui était le premier de la semaine, alors que, par crainte des autorités juives, les portes de la maison où se trouvaient les disciples étaient verrouillées, Jésus vint, il se tint au milieu d'eux et il leur dit : « La paix soit avec vous. » 20Tout en parlant, il leur montra ses mains et son côté. En voyant le Seigneur, les disciples furent tout à la joie. 21Alors, à nouveau, Jésus leur dit : « La paix soit avec vous. Comme le Père m'a envoyé, à mon tour je vous envoie. » 22Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et leur dit : « Recevez l'Esprit Saint ; 23ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis. Ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus. »


Actes 22, 6-11
6« Je poursuivais donc ma route et j'approchais de Damas quand soudain, vers midi, une grande lumière venue du ciel m'enveloppe de son éclat. 7Je tombe à terre et j'entends une voix me dire : “Saoul, Saoul, pourquoi me persécuter ?” 8Je réponds : “Qui es-tu, Seigneur ?” La voix reprend : “Je suis Jésus le Nazôréen, c'est moi que tu persécutes.” 9Mes compagnons avaient bien vu la lumière mais ils n'avaient pas entendu la voix qui me parlait. 10Je demande : “Que dois-je faire, Seigneur ?” Et le Seigneur me répond : “Relève-toi, va à Damas, et là on t'indiquera dans le détail la tâche qui t'est assignée.” 11Mais, comme l'éclat de cette lumière m'avait ôté la vue, c'est conduit par la main de mes compagnons que j'arrive à Damas. »

1 Pierre 1, 3-4
3Bénissons Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ ! Dans sa grande bonté, il nous a fait naître à une vie nouvelle, en ressuscitant Jésus Christ d'entre les morts. C'est pour que nous ayons une espérance vivante, 4en attendant l'héritage que Dieu réserve aux siens.

Romains 6, 3-7.11
3Ignorez-vous que nous tous, baptisés en Jésus Christ, c'est en sa mort que nous avons été baptisés ? 4Par le baptême, en sa mort, nous avons donc été ensevelis avec lui, afin que, comme Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, nous menions nous aussi une vie nouvelle. 5Car si nous avons été totalement unis, assimilés à sa mort, nous le serons aussi à sa résurrection. 6Comprenons bien ceci : notre vieil homme a été crucifié avec lui pour que soit détruit ce corps de péché et qu'ainsi nous ne soyons plus esclaves du péché. 7Car celui qui est mort est libéré du péché. […] 11De même vous aussi : considérez que vous êtes morts au péché et vivants pour Dieu en Jésus Christ.
Galates 2, 19-20
Avec le Christ, je suis un crucifié ; 20je vis, mais ce n'est plus moi, c'est Christ qui vit en moi. Car ma vie présente dans la chair, je la vis dans la foi au Fils de Dieu qui m'a aimé et s'est livré pour moi.

Jean 5, 24
En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui écoute ma parole et croit en celui qui m'a envoyé, a la vie éternelle ; il ne vient pas en jugement, mais il est passé de la mort à la vie.